L’Australie a fait l’objet d’une actualité sportive accrue durant le mois de janvier dernier. Eh oui, tous les regards tennistiques étaient tournés vers Melbourne où se tenait la session 2010 de l’Open d’Australie. Dimanche nous avons donc pu célébrer la victoire de Roger Federer sur le Britannique Andy Murray… mais ce n’est pas l’objet de mon billet du jour. Aujourd’hui je souhaite revenir avec vous sur les dernières déclarations de la Banque centrale australienne et de son surprenant statu quo après trois relèvements consécutifs. Incompréhensible ?
◊ Une pause inattendue
Le gouverneur de la Banque centrale australienne a été à la fois le premier à remonter ses taux directeurs l’année dernière et le plus actif ensuite, avec trois resserrements successifs, amenant le taux de refinancement de 3% à 3,75%.
Le comité ne s’étant pas réuni en janvier, c’est avec une certaine impatience que le marché attendait la décision d’hier.
Et la plupart des analystes tablaient sur une nouvelle hausse de 0,25%, même les contrats de taux futures anticipaient à 75% un nouveau tour de vis monétaire.
Mais les membres de la Banque centrale ont préféré marquer une pause et laisser inchangé le taux principal à 3,75%.
Le vent tournerait-il, comme je l’ai déjà annoncé il y a quelques semaines, pour les carry traders ?
◊ Le marché n’aime pas les surprises
Comme vous avez pu le remarquer depuis quelques jours, la nervosité est de retour sur les places financières avec notamment un indice VIX qui continue de grimper. En effet, après un rally euphorique fin 2009, le marché semble désormais avoir le blues.
Plus rien ne l’amuse, les résultats meilleurs qu’attendus sont effacés par le manque de perspectives et tout est prétexte à voir le verre à moitié vide pour justifier la correction actuelle.
Dans ces conditions, les surprises ne sont jamais les bienvenues et l’annonce du maintien des taux au même niveau a immédiatement pesé sur la devise australienne.
En quelques minutes, la paire est passé de 0,89US$ à 0,88 US$. Cela peut sembler peu pour les non-initiés, mais une perte de 100 pips (1 pip est égal à 0,0001US$, il représente l’unité de mesure de base pour les traders Forex) correspond à mouvement d’une forte ampleur traduisant la fébrilité que j’évoquais plus haut.
◊ Une relance efficace ou un sursis chinois ?
Et pourtant, à la lecture du communiqué de la RBA (la Banque centrale australienne), la confiance prime. Cette confiance en une économie qui a su résister grâce à un plan de relance de près de 40 milliards de dollars. Il a été principalement consacré au soutien de la consommation et à l’investissement dans les infrastructures routières, ferroviaires et scolaires.
Mais le principal atout de l’Australie aura été ses liens privilégiés avec son partenaire commercial principal : la Chine. Cela lui a ainsi permis de maintenir un niveau d’exportation relativement correct.
Cependant, la pause a été motivée par une inflation qui semble maîtrisée à court terme et un marché de l’emploi qui s’améliore avec un taux de chômage revenu à 5,5% — proche ainsi de son niveau d’équilibre. La RBA a donc, “officiellement” souhaité prendre le temps d’évaluer l’impact des précédentes hausses de taux.
Pourtant, je suis obligé une nouvelle fois de tempérer l’optimisme des dirigeants australiens. En effet, alors que les préoccupations vont bon train sur la dette grecque, l’Australie affiche un déficit record qui devrait atteindre plus de 140% du PIB en 2010.
De son côté, la Chine essaie de contenir les risques de bulle spéculative et l’afflux de liquidités en resserrant l’accès au crédit.
Bien que l’Australie semble assez protégée par ses ressources en matières premières, il ne faudrait pas pour autant écarter l’hypothèse d’une nouvelle vague de difficulté lorsque les plans de relance auront produit leurs effets.
Je pense en effet, que les agences qui ont pour l’instant épargné à juste titre cette économie qui s’est le mieux sortie de la crise, pourraient rapidement évoquer la dette australienne avec les conséquences que l’on connaît (j’avais déjà évoqué avec vous la dette des Etats).
◊ AUD/USD: direction 0,85US$
Entre le changement de ton de la RBA et le dernier communiqué de la Fed, la tendance pourrait avoir définitivement tournée sur la paire. [NDLR : et pour vous aider à faire les bons choix pour trader sur les devises, laissez-vous guider par Jérôme Revillier dans son service Agora Forex.]
La rupture du support à 0,8730 serait le signal d’un véritable retournement, avec un premier objectif à 0,8505 qui correspond à une zone d’overlap mais également au niveau actuel de la MM200.
Ensuite la paire pourrait aller chercher 0,8250US$ et connaître une période de range entre les deux bornes citées ci-dessus (0,85/0,8250).
En attendant, je vous souhaite de bons trades !