Hier, Mario Draghi a promis aux marchés des taux encore plus nuls pour l’éternité et encore plus négatifs pour les prises en pension. Selon nous, cela revient à peu de choses près à tirer une rafale de mitrailleuse dans une passoire… tout en prétendant que les liquidités y circuleront mieux.
De plus, y avait-il vraiment urgence hier à promettre plus de billets de Monopoly aux marchés financiers avant que le Père Noël ne s’en charge ?
Selon l’indice Euro-Flash PMI, l’activité s’est raffermie en septembre à 54, contre les 53,4 pts prévu, et la confiance des milieux d’affaires s’est redressée en octobre, en France comme en Allemagne : hier, il n’y avait donc pas de choc récessionniste à juguler au plus vite.
En ce qui concerne l’inflation, la BCE révise en effet son estimation 2016 de +1,3 à +1%… cependant, Mario Draghi nous a expliqué hier que tout est de la faute du pétrole et du prix des matières premières, sur l’évolution desquelles les « QE » n’ont très malheureusement aucun prise.
Dès lors, accroitre la liquidité n’y changera strictement rien : désormais tout dépend de la Chine, de l’Arabie Saoudite et de l’OPEP.
De même, pourquoi Mario Draghi évoque-t-il un abaissement des taux de prises en pension alors que les taux de marché sont déjà négatifs de 0 à 2 ans, en Espagne et en Italie, et de 3 à 5 ans en France et en Allemagne ?
Quelle autre explication peut-on trouver à de telle politiques, sinon une volonté de doper les marchés financiers – et eux seuls – sans la moindre considération pour les effets d’une telle stratégie de faux monnayage massif sur l’économie réelle ? À vrai dire, Mario Draghi devrait laisser la conjoncture suivre son cours, puisque de toutes façons, selon ses propres arguments, la conjoncture est tributaire des arbitrages qui se décident à Pékin et des cours pétrole… eux-même déterminés à Ryad, même si les projecteurs sont braqués sur la réunion de l’OPEP à Vienne aujourd’hui.