Malgré quelques hésitations, je ne vais pas faire ma mauvaise tête et, comme la majorité de mes collègues, je vais vous parler du Brexit. Rassurez-vous, je serai court. Je vous présente, à mon avis, le trade à prendre pour profiter de la volatilité à venir.
Comment les sondages et les bookmakers ont-ils pu se tromper à ce point ?
L’incompétence ne peut pas tout justifier. Même si, a priori, ils en ont à revendre.
J’ai animé, le jour du référendum, une émission en live pour suivre les marchés et analyser les enjeux du référendum. Lors de cet événement, j’ai répété que le risque de Brexit était complètement sous-estimé par les politiques et les sondeurs. Et ce pour deux raisons très simples.
- La première raison est malheureusement le tragique assassinat de Joe Cox, étoile montante du parti travailliste pro-européen, qui a teinté les sondages suivants ce drame d’un facteur émotionnel évident. Il était donc très probable que cet engouement soudain, à la lumière de ce crime, serait fragile dans les bureaux de vote et ainsi trompeur.
- La seconde raison est que l’Angleterre n’est pas Londres et inversement. Ci-dessous, la traduction en image avec la répartition des votes.
Oui : le petit point bleu là, il pensait expliquer au reste ce qu’il avait à faire. Du coup, entre émotion et nombrilisme, les sondés se sont égarés, les sondages ont influencé les parieurs qui ont trompés les bookmakers qui, je le signale, donnait 93% de chance au partisans européens de gagner.
Voilà comment on arrive, par ricochet et par paresse intellectuelle, à avoir des indices boursiers en forte hausse le jour même du scrutin !
Mais surtout, voilà comment des centaines d’investisseurs particuliers mal conseillés un peu trop joueurs, se sont fait ruinés par une ouverture à -10/12% alors même qu’on leur promettait de nouveaux sommets après un scrutin gagné d’avance (je l’ai entendu…).
Comment les politiques peuvent contourner très facilement ce référendum.
En revanche, ne sous-estimez pas la force de l’homme politique quand le peuple n’est pas d’accord avec lui. Il a tout prévu. Ne sous-estimez pas l’incohérence du peuple non plus.
En effet, vous avez entendu parler de l’article 50 du traité de Lisbonne.
On nous explique donc qu’il faudra au moins 2 à 4 ans pour négocier les modalités de départ qui, elles-mêmes pourraient se prolonger sur plusieurs années.
Un détail cependant ne vous aura pas échappé, ô vous lecteur, lucide observateur du monde : pour déclencher la procédure de sortie, il faut que le parlement anglais valide cette décision. Or, à l’heure actuelle, le Parlement anglais est majoritairement pro-européen.
Ils ne peuvent donc pas valider une décision inverse à leur conviction (mais c’est vrai, la conviction d’un homme politique est toute relative). Ils ne peuvent pas non plus voter l’inverse de la parole du peuple (non ils ne peuvent pas… enfin, théoriquement).
Ils peuvent en revanche démissionner. Ils peuvent organiser de nouvelles élections où l’on diabolisera les votants du Brexit à outrance permettant l’élection, de justesse d’un nouveau gouvernement pro-européen, promettant de revenir sur le Brexit.
Oui, l’électeur étant assez volatile, rien dans ce scénario n’est impossible.
Bilan : David Cameron a été élu sur la promesse d’un référendum qui, quelques mois plus tard, le pousse à la démission qui elle-même permet potentiellement de nier le résultat de ce référendum si un gouvernement pro-européen gagne.
La boucle est bouclée. La démocratie souffre un peu, mais ça passe…
Indices : Rebond en cours
Depuis le début de semaine et un lundi un peu difficile, les indices mondiaux rebondissent à vitesse grand V comme l’illustre le graphique ci-dessous. Ironie du sort, le premier a effacé les pertes subies lors du vote est le Footsie, l’indice de Londres (pour le coup, Gilles Leclerc vous avait parfaitement expliqué pourquoi).
Au-delà du Brexit, plusieurs catalyseurs viennent doper la performance à court-terme des actions.
Mercredi, le résultat des stress tests bancaires a permis l’annonce de plans gigantesques de rachats d’actions par les groupes bancaires, entraînant « mécaniquement » le rebond du secteur.
Jeudi, c’est la Banque du Japon qui annonçait vouloir procéder à des rachats de dettes souveraine. D’autres banques centrales, BoE en tête, sont montées au créneau pour rassurer les investisseurs.
Toutefois, ce rebond ne peut-être qu’un trompe l’œil. En effet, le pire ennemi des investisseurs n’est pas le Brexit, mais bel et bien l’incertitude. Sans l’activation rapide de la procédure de retrait, l’UE se trouve dans une confusion totale.
D’ailleurs, les dirigeants ne s’y trompent pas : le ton s’est nettement durcit envers les Anglais. Il faut aller vite pour éviter la contagion et provoquer l’implosion de l’Union toute entière.
Mais l’improvisation de ces derniers jours, en Angleterre, les « gagnants » étant aussi surpris du résultat que les « perdants », n’inspire rien de bon pour la suite.
DAX : Visez la fermeture du GAP sous 9 000 points
Revenons-en au trading, où les conditions de marchés restent très difficiles. Des mouvements erratiques et beaucoup de nervosité rendent les anticipations peu évidentes.
Il faut donc s’en tenir à ce que l’on voit. Un graphique valant mieux que des mots, voici ci-dessous la configuration que nous allons travailler.
Quelle est la tendance de fond ?
Elle est baissière et cela depuis la fin de l’année 2015, confirmée et accentuée par l’ouverture de l’année 2016 en gap baissier vers 10 350 points, qui reste LA zone à conquérir pour reprendre une dynamique de hausse.
Quels sont les seuils techniques ?
Il faut tout d’abord identifier un premier gap laissé en février 2016 sous les 9 000 points qui sera mon objectif à moyen terme.
Le plus complexe avec ce décrochage de près de 1 000 points post-Brexit est d’identifier les zones de ventes potentielles. La volatilité étant en hausse, des excès sont possibles.
Toutefois, la zone touchée ce jeudi soir à 9 750-80 points me semble une première zone de vente intéressante.
Un renfort pourra être travaillé vers 9 850/9 900 points, une zone d’overlap.
Bien sûr, il serait facile de vous dire que le niveau d’invalidation est à 10 350 points. Mais ce trade serait alors presque impossible à prendre avec un tel stop.
Aussi, pour définir une zone d’invalidation, je me base sur les retracements de Fibonacci de la vague de baisse entre novembre 2015 et février 2016. La zone à 10 060 a servi plusieurs fois de seuil clé. Il me semblerait pertinent de positionner le stop au-dessus de ce seuil vers 10 100 ou même 10 150.
A la baisse, la tenue des 9 500 points va être déterminante, mais le véritable seuil clé se situe à 9 320 points, le point bas de ce lundi. Le passage sous cette zone serait le début du mode « panique »…
… et dieu seul sait où il peut nous mener !