Par Mathieu Lebrun analyste et responsable d’un service de trading sur CFD
Alors que la situation de la Grèce semble — temporairement — s’atténuer, c’est un autre “mauvais élève” de la Zone euro qui est revenu sous les feux de la rampe la semaine dernière : l’Irlande. En effet, malgré le succès du placement obligataire (très attendu) en début de semaine dernière, l’annonce d’une contraction inattendue du PIB au deuxième trimestre a ravivé les craintes des investisseurs.
◊ Prix des obligations au plus bas/CDS au plus haut
En effet, le pays a été l’un des plus ballotés durant la crise avec de nombreux sauvetages surtout dans le secteur bancaire, qui ont énormément coûté au gouvernement. Au vu des dernières statistiques, le bout du tunnel semble encore loin. Pour preuve, après une croissance de 2,2% au premier trimestre, le PIB du deuxième trimestre s’est contracté de 1,2%. Le plus inquiétant est qu’ici les économistes attendaient une croissance !
En conséquence, la sanction des marchés ne s’est pas faite attendre. La prime demandée par les investisseurs pour détenir des obligations irlandaises à 10 ans (par rapport aux équivalents allemands, les plus sûrs du marché) a inscrit un nouveau plus haut à plus de 450 points de base. Ce niveau est visible sur le graphique des CDS associés à la signature irlandaise (visible ci-dessous).
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En lien direct, les taux d’intérêts des obligations du pays, qui évoluent en sens inverse des prix (et que je vous montre ci-dessous) ont atteint un plus haut (depuis 1999) à plus de 6,7%.
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Résultat : l’indice local sous-performe fortement les autres places boursières depuis plusieurs mois, et le potentiel de repli semble loin d’être épuisé.
◊ L’ISEQ sous pression… quel potentiel de baisse ?
Pour mieux comprendre les problèmes du pays, il suffit de jeter un oeil à la composition de son indice de référence, l’ISEQ (Irish Stock Exchange).
En effet, comme on le constate avec la répartition ci-dessous (avant l’éclatement de la crise des subprime), l’indice est fortement pondéré en services financiers (banques principalement) et en valeurs de la construction. Aïe… Pour ne citer que les plus connues et liquides, on remarquera des valeurs comme Anglo Irish Bank ou Bank Of Ireland dans le secteur financier, CRH dans la construction… Autant dire donc les segments les plus “touchés” par l’éclatement des subprime.
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Graphiquement, la situation de l’indice irlandais n’est guère encourageante.
En effet, l’ISEQ évoluait depuis un an dans un large canal de consolidation horizontal entre 2 800 et 3 500 points. Fin août, on a déjà eu une sortie par le bas. Notez également la présence d’une ligne de résistance descendante de court terme qui coiffe les cours depuis mai dernier.
Du côté des indicateurs techniques journaliers, le MACD évolue toujours en territoire négatif et reste sous sa ligne de signal.
Dans ces conditions, tant que les 3 000 points ne sont pas dépassés, le risque reste bel et bien à la baisse. Les objectifs de repli ne sont en effet pas épuisés.
La première cible de Fibonacci se situe sur les 2 480 points. En extension, la cible finale se situerait surtout sur les 2 300 points (projection de Fibonacci de 100% de la hauteur du range horizontal reporté depuis le point de sortie).
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Aussi, si la réduction des déficits et les mesures prises depuis un an vont dans le bons sens, le risque d’un nouveau ralentissement économique ou encore le spectre d’une nationalisation forcée d’un établissement bancaire sont autant d’éléments qui risquent bien de continuer à tétaniser le marché au cours des prochaines semaines…