Bon… naturellement… la Banque mondiale (celle qui vient en aide aux pays pauvres) n’est pas la BRI (banque des règlements internationaux, le banquier des Banques centrales) et ne se fixe pas comme ligne de conduite de démontrer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (de la création monétaire et de la dette no limit).
Alors, quand la Banque mondiale émet des prévisions, c’est en tenant compte des faiblesses économiques globales plutôt que des statistiques officielles locales.
Et ce qui est plus intéressant encore, c’est la trajectoire qu’elle dessine quand de nombreux pays se complaisent dans le « c’est mieux que prévu ».
La croissance américaine par la Banque mondiale
Les Etats-Unis et la France s’en sont fait une spécialité, mais la révision à la baisse des perspectives de croissance aux Etats-Unis pour 2016 est étourdissante : de +2,7% à +1,9%. Ce qui serait en grande partie imputable au renchérissement du dollar face au panier des principales devises mondiales.
Si la Fed cesse de faire croire qu’elle va continuer à normaliser sa politique monétaire, on repart sur 2,5% d’hypothèse de croissance du PIB américain ? En fait, revoir +2% serait déjà un exploit dans un contexte d’incertitude pré-électorale !
La croissance des pays émergents
En ce qui concerne les pays émergents et notamment ceux qui sont très dépendants du cours des matières premières, la croissance moyenne devrait avoisiner +3,5%… mais cette estimation est sujette à caution puisqu’elle repose sur l’hypothèse d’une croissance de +6,7% (qui y croit encore ?) et l’Inde reste créditée d’une hausse de +7,6%.
Et la croissance européenne ?
La croissance européenne restera inférieure de plus de moitié à celle des émergents avec +1,6% (prévision maintenue), mais au final, le PIB mondial est abaissé de -0,5% à +2,4% pour 2016 (l’anticipation d’un rythme de +2,9% de la croissance remontait au mois de janvier) et celle de 2017 est réduite de 0,3%, à 2,8%.
La Fed peut-elle nous faire encore rêver ?
Nous retiendrons surtout de ce qui précède que la croissance américaine est abaissée de pratiquement un tiers… mais celle que nous constatons aujourd’hui est moitié moins élevée que celle prévue la Banque mondiale.
La Fed peut-elle encore nous vendre le scénario d’une croissance robuste et de la prédominance des signaux positifs ?