La semaine passée, je vous ai donné les notions de bases pour l’utilisation de l’indicateur COT et, pour ceux qui iront plus loin, du COT Index. Vous savez donc à présent à quoi ressemble un rapport COT – qui donne les mouvements des commerciaux et des non commerciaux – et vous avez même pu commencer de voir à quoi ressemble l’indicateur sur un graphique.
Aujourd’hui, je vous propose d’aller un peu plus loin en vous expliquant le comportement de chacun de ces acteurs et leur impact sur le marché.
Les commerciaux, la main invisible des marchés ?
Ce sont eux qui font la tendance. Ces agents de couverture travaillent pour des institutions pesant plusieurs milliards de dollars. On dit souvent que c’est la catégorie de traders qui a les poches les plus profondes tant leur capacité d’action est quasi illimitée !
Aussi, selon leurs anticipations, leurs mouvements, les tendance se font et se défont au rythme de leurs transactions. Mais la première chose à réellement bien comprendre est que les commerciaux ne sont pas comme les investisseurs traditionnels. Ils ne cherchent pas à gagner d’argent directement sur les marchés mais à protéger/optimiser une transaction future et physique.
Prenons un exemple.
La problématique du producteur de blé vient du fait qu’il récolte en été mais ne vendra qu’en octobre. Hors, un producteur de blé qui veut s’assurer du prix de vente de son boisseau ou de sa tonne à une échéance donnée va vendre un contrat dit « à terme », ce que l’on appelle un future. Ainsi, il cherche à « couvrir », c’est-à-dire à « sécuriser » sa transaction physique.
Si sa production est de 100 tonnes et que le prix de la tonne est, en été, à 160 euros/t, il va vouloir s’assurer de vendre son blé en octobre à ce prix, qui lui convient. Il ne veut pas prendre le risque de voir le prix du blé baisser. Alors certes, peut-être que le prix augmentera encore, mais pour l’instant, il veut sécuriser sa production à 160 euros/t.Il va donc vendre l’équivalent de 100 tonnes de contrat à terme au prix fixe de 160 euros/t avec une échéance à Octobre. Ces contrats lui garantissent ainsi le prix de sa production et 16 000 euros de revenus dès le moment de la récolte.
Ici, il n’y a aucune recherche de gain direct sur le contrat mais sécurisation d’une transaction physique.
Il est indispensable de comprendre que les commerciaux se moquent de perdre de l’argent sur leurs positions détenues en contrats à terme (ou futures), puisque ce ne sont que des assurances pour eux, qui sont équilibrées avec la valorisation de leurs stocks, ou production. En clair, ils cherchent la neutralisation du prix à une échéance donnée.
L’exemple du producteur de blé est bien entendu très simplifié et sous-dimensionné volontairement pour le rendre accessible à tous. Mais à l’échelle des transactions des marchés futures et options, ce sont des milliards qui s’échangent en permanence au travers de ces contrats de toutes échéances et de toute nature.
Et pour permettre ces échanges, il faut la seconde catégorie de traders : les spéculateurs.
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Les spéculateurs, la contrepartie utile !
Souvent décriés, mal aimés (j’en sais quelque chose), le métier de spéculateur est pourtant indispensable au bon fonctionnement du marché car il va être la contrepartie des commerciaux et va donner la liquidité et le prix du marché.
Le spéculateur est celui qui va chercher à gagner de l’argent en profitant de la tendance des prix et des mouvements pendant la période du contrat, jusqu’à son échéance. Il n’y a ici aucune transaction physique et jamais un spéculateur ne se fait livrer les tonnes de blé ou des camions de bovins au bureau – même si certaines histoires de traders obligés de se faire livrer des bêtes en plein Texas ou des barges entières de charbon circulent parfois dans les couloirs !
En clair pas de sécurité de revenu pour les producteurs sans des spéculateurs pour acheter les contrats à terme. Bien entendu, le débat sur les abus de la spéculation reste ouvert… Mais ne nous égarons pas et reprenons notre exemple du producteur de blé et de ses 100 tonnes.
Il a vendu 100t de contrats à un spéculateur au prix de 160 euros/t ; or le spéculateur, lui, pense justement que le prix, qui a atteint déjà ce niveau, va continuer sa tendance et grimper à 170 ou 180 euros/t. Il revendra ainsi ses contrats avant l’échéance à un autre spéculateur ou à un acheteur aux besoins réel en blé (qui veut, lui, couvrir ses prix d’achats) pour prendre des gains sans jamais avoir vu la couleur du blé… sans mauvais jeu de mot.
Comprendre la mécanique des marchés …
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Le marché est ainsi composé de deux camps :
-
Les commerciaux achètent quand les prix sont bas et vendent quand les prix sont hauts ; ils sont donc à contre-tendance.
- A l’inverse les spéculateurs, contrepartie des commerciaux (producteurs ou utilisateurs) vont vendre quand les prix sont bas et acheter quand les prix sont hauts car ils suivent la tendance.
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Les premiers font la tendance par leur puissance de feu et leur anticipation, les autres l’alimentent en servant de contrepartie. Ainsi va la vie du marché.
Une fois que vous aurez intégré cette mécanique, vous pourrez étudier d’un peu plus près ces mouvements grâce à notre premier outil, l’indicateur COT.
Je vous donne donc rendez-vous dans mon prochain article, pour étudier et interpréter le positionnement des pros ! (et bien entendu, le COT et cette mécanique du marché sera au programme de mon atelier de formation lors de la journée du 15 novembre ! Regardez le programme et réservez votre place maintenant.)