Par Franck Rougeot
Les cours du cuivre agissent comme un véritable indicateur économique. Le cuivre donne une bonne indication de l’évolution de l’économie mondiale.
En effet, le cuivre a des applications multiples dans l’industrie : applications électriques, bâtiments et nombreux secteurs industriels (télécommunication, aéronautique, automobile…). Les industries qui l’utilisent sont très sensibles aux cycles économiques (automobile, électrique…). En période de récession, la demande en cuivre chute et pèse donc sur les cours, alors qu’une phase de croissance économique entraîne les cours du cuivre à la hausse. C’est un des seuls métaux de base dont l’évolution du cours reflète les changements conjoncturels.
Dans les années 2000, l’émergence de la Chine a entraîné à la hausse les cours du cuivre – comme ceux de nombreux autres métaux. La Chine est devenue le premier consommateur de cuivre et de nombreux autres métaux qui ont été nécessaires au développement industriel, immobilier et des infrastructures du pays.
La crise économique et financière a ensuite affecté la croissance mondiale et la croissance des pays émergents, sans épargner la Chine. Cela dit, même si les cours du cuivre ont subi cette baisse d’activité mondiale, la forte baisse des taux d’intérêt dans le monde pour soutenir la croissance a permis d’atténuer cette chute et de maintenir un niveau de croissance moindre, mais toujours positive. Le cuivre a donc chuté de plus de 55% en 5 ans, de 2011 à 2016… avant de commencer à rebondir.
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La croissance mondiale est aujourd’hui dans une phase de reprise, même si elle reste timide et à confirmer. Par ailleurs, la croissance d’autres pays émergents comme l’Inde ou de nombreux pays d’Afrique aura tendance à tirer les besoins en matières premières et notamment le cuivre.
Nous sommes aujourd’hui dans un contexte paradoxal
La croissance mondiale dépend pour beaucoup aujourd’hui de l’évolution des taux d’intérêt et des aspects géopolitiques. Donc tout élément qui entraînerait une hausse rapide des taux d’intérêt hypothéquerait cette reprise économique mondiale et aurait des effets négatifs sur les cours du cuivre.
Ainsi, un événement géopolitique exogène, notamment au Moyen-Orient, foyer explosif, ferait évoluer les prix du pétrole à la hausse, impliquerait une accélération de l’inflation, et probablement donc un relèvement des taux d’intérêt.
L’impact sur l’activité mondiale et notamment sur la croissance de nombreux pays émergents serait alors pénalisant pour de nombreux secteurs d’activités et notamment le secteur minier.
Par ailleurs, toute hausse des prix de l’énergie renchérirait les coûts des sociétés minières, car l’industrie minière est très dépendante des cours du pétrole. Or, dans le contexte que nous venons de décrire, la demande en cuivre étant à la baisse mais les coûts de production à la hausse, les minières seraient prises dans un effet de ciseaux qui risquerait de les mettre en difficulté. Il faudrait alors être prudent sur les valeurs minières.
A l’inverse, une conjonction de facteurs qui permettrait un maintien ou une hausse modérée des taux serait bénéfique pour la croissance et tirerait donc à la hausse les cours des métaux de base comme le cuivre. Car nous le répétons : de nombreux pays en Asie et en Afrique se développent et ont besoin de faire progresser leurs infrastructures et leurs industries.
Notre analyse technique des cours cuivre penche plutôt pour le premier scénario, impliquant une hausse brutale des taux d’intérêt qui pénaliserait la croissance.
Sur le graphique hebdomadaire, (graphique de droite) l’évolution a lieu dans un canal descendant (bleu).
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Sur le graphique mensuel (graphique de gauche), l’évolution du prix est également dans une tendance baissière bornée par le support vert et la résistance rouge. Désormais, la rupture du support vert des 2,20 $ déclencherait une amplification de la volatilité baissière et le cours se rapprocherait des 1,80-1,60 $
Au contraire, pour gagner encore du temps sur la récession à venir et éviter un mauvais scénario, il faudrait que le cours sorte dans un premier temps du canal descendant par le haut et surtout franchisse la résistance des 2,80 $ ce qui est peu probable à ce jour dans un contexte géopolitique menaçant.
Nous privilégions donc notre premier scénario.