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Indices & Marchés

Détente des taux, tensions sanitaires et sociales

By 19 juillet 2021janvier 23rd, 2023One Comment

La semaine boursière ne s’est pas achevée de la manière escomptée. Et pendant ce temps, les Français font face à un durcissement de la situation sanitaire et sociale. Décryptage avec Philippe Béchade.

 

La détente des taux n’a pas sauvé la semaine boursière qui s’est achevée vendredi par la séance des 3 Sorcières. Et ça, ni en Europe – c’était plié depuis jeudi –, ni à Wall Street qui entame une cession prometteuse.

Pourtant, la décrue des rendements obligataires accroît encore un peu la « prime de risque » dont bénéficient les actions.

Le problème, c’est que la rentabilité des valeurs composant le S&P 500 n’a jamais été aussi loin de compenser le niveau réel de l’inflation (il s’en faut de 350 points de base). De fait, certains investisseurs ne perdent pas de vue que les 62 à 65% de hausse des résultats attendus résultent d’un « effet de base » encore plus extrême que la période T4 2008/T4 2009 et que la référence la plus pertinente – en termes de profits trimestriels –, c’est le quatrième trimestre 2019.

Et à niveau de dividende égal, le Nasdaq-100 a pris 5 000 points depuis son précédent record de janvier 2020.

Mais il existe encore un biais. Et il est de taille : si la masse des dividendes retrouvait ses niveaux de fin 2019 (et nous le saurons d’ici un mois), leur répartition s’est considérablement modifiée, dans la mesure où elle s’est hyper-concentrée sur une dizaine de valeurs dont la crise sanitaire a littéralement boosté leur business model.

Après les GAFAM, voilà les NNTMP !

Vous les connaissez par cœur : les 5 GAFAM + les NNTMP (Nvidia, Netflix, Tesla, Moderna, Paypal).

Ces 10-là écrasent tout, marginalisent 95% des autres valeurs cotées… comme jamais Wall Street ne l’avait observé depuis le démantèlement de la Standard Oil de John Rockefeller le 5 mai 1911.

Mais au lieu de monopoliser la distribution du pétrole, ils monopolisent la collecte des data – ou données personnelles. Y compris Tesla (conduite autonome) et Moderna (son vaccin expérimental à ARN est l’un des plus largement distribués au monde : le nom de chaque personne ayant reçu une ou deux doses est connu, chaque patient est traçable au travers d’applications telles que « tous Anti-Covid », ou équivalents dans l’Union Européenne ou aux Etats-Unis).

Mais l’un des secteurs vedettes du second trimestre 2021 : ce fut celui des valeurs pétrolières et les services associés (maintenance/exploitation/distribution), grâce à l’envolée de +30% du WTI (entre 59 et 77$) à New York.

Les pétrolières peuvent-elles poursuivre sur leur lancée sans jamais rien recéder comme des Amazon, des Google (Alphabet), des Nvidia ?

Rien n’est moins sûr, car les Emirats et l’Arabie Saoudite ont enfin trouvé un terrain d’entente ce dimanche 18 juillet pour continuer d’accroître très progressivement – et modestement puisqu’il s’agit de 400 000 barils/jour chacun des prochains mois – leur production à partir de début août.

L’étau se resserre sur la population

Les questionnements portent maintenant sur les risques qu’un nouvel épisode pandémique – malgré les spectaculaires progrès en terme de quantité de doses injectées – feraient peser sur la reprise économique mondiale cet automne. Si la réponse est de nouveau confinement, couvre-feu, répression et restrictions des libertés, cela pourrait instaurer un climat très défavorable à la consommation et aux affaires, avec la montée en puissance du sentiment « qu’on n’en sortira jamais », bloquant les dépenses de long terme à crédit.

C’est pour échapper à ce genre de basculement que certains pays qui ont misé sur le « tout vaccinal », et se retrouvent pris au dépourvu par un regain très inattendu de contaminations – et d’hospitalisations de personnes 100% « protégées » –, sont en train de préparer l’opinion publique à un « vivre avec ».

La France, de son côté, opte également pour le « tout vaccinal », lequel se transforme désormais en « tout répressif », et où l’instauration d’un « pass sanitaire » pour « retrouver sa liberté » se traduit en fait par un contrôle et un traçage de pratiquement tous les actes du quotidien en Ile de France (boire un café, traverser un centre commercial en sortant des transports en commun à l’image des Halles ou de la Défense, aller voir l’un des films primés à Cannes, etc.).

Et ce, au risque d’une amende surréaliste de 10 000 € associée à une peine de 6 mois de prison infligée à des citoyens dont le seul délit serait d’appartenir aux 99,98% de personnes en bonne santé, ou « positifs » à un test (considéré comme dysfonctionnel au-delà de 35 cycles), totalement asymptomatiques et non contaminant.

Une telle sévérité répressive n’est même pas mise en œuvre dans des pays ayant eu à circonscrire des épidémies d’Ebola (transmission par contact physique) entraînant un taux de mortalité de 50% et non de 0,0005% comme actuellement en France : il n’existe d’ailleurs pas de vaccin contre Ebola, alors les « cas contact » s’auto-disciplinent sans avoir besoin de les menacer d’une amende dissuasive, d’autant que la plupart du temps, ils sont insolvables

La bonne nouvelle, c’est qu’en France, les urgences restent vides même si le nombre de cas progresse de façon inattendue : des centaines de milliers de personnes déjà sur leur lieu de vacances – et prises de court par l’obligation d’un pass pour prendre le TGV et ou l’avion au retour – se font tester dans l’urgence.

Si elles sont « convalescentes », c’est-à-dire dotées d’anticorps naturels après exposition au virus, la nécessité d’une vaccination disparaît pour les 6 ou 9 prochains mois.

Mais tout le monde n’a pas cette chance, d’où une soudaine envolée des cas dans les régions les plus touristiques.

Les annulations de séjours, de billets de train, de réservations pour des anniversaires dans les restaurants se multiplient déjà depuis une semaine, sur fond de sentiment de confiance très dégradé : ce genre de précurseurs annoncent le plus souvent une lourde rechute de la consommation (et des grosses dépenses) et donc, de la croissance.

En France, nous en sommes déjà là.

Dans d’autres pays qui s’interdisent le « tout répressif », il n’est pas exclu de voir remis en œuvre des mesures de freinage de la circulation du virus (l’activité économique en pâtira nécessairement). La seule chance d’échapper au scénario d’un reconfinement serait que le Covid-19 version Delta – certes plus contagieux de 50 ou 60%, comme tout variant – s’avère cette fois beaucoup moins létal pour les personnes obèses, diabétique, insuffisantes cardiaques, etc.

Et en ce qui concerne les personnes de 85 ans et plus, les labos n’ont jamais promis que leurs thérapies ARN transformeraient tout le monde en centenaires : vacciné ou non, passé un certain âge, la mort reste une éventualité au quotidien.

Ce qui est en revanche inquiétant pour notre économie, c’est que les séquelles psychologiques longues (à vie ?) chez les jeunes futurs actifs (confinés, isolés, désocialisés, stigmatisés pour leur « inconscience », déprimés, succombant au addictions) ont explosé en 18 mois, et dans des proportions jamais observées depuis 60 ans.

Et là, il s’agit d’effectifs bien plus impressionnants que les Covid longs qui heureusement se résolvent le plus souvent sous trois mois.

Nous n’allons pas attendre trois mois pour découvrir si la France accompagne la reprise mondiale ou bascule dans un scénario où le chaos social s’ajoute au chaos sanitaire.

Ce serait alors le chaos économique.

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