Pendant que opérateurs français avaient les yeux rivés sur la prestation de Manuel Valls à l’Assemblée Nationale pour son grand oral de politique générale, je suivais sur une autre chaine la prestation de David Kostin, le stratège en chef de Goldman Sachs lien PBH qui venait délivrer ses précieuses analyses et préconisations (celles dont ses clients ont eu la primeur il y a déjà 10 jours).
Mr Kostin voit les actions américaines poursuivre leur avancée d’ici fin 2014 – du classique, les actions, ça ne baisse jamais. Mais attention, il y a du lourd à la clé : le S&P500 pourrait grimper jusqu’à (roulement de tambours)… 1 900 points.
Ouuuiiiiiiii ! Vous avez bien lu : un splendide potentiel de hausse de 2,5% s’ouvre pour les investisseurs qui vont rester longs (acheteurs moyen terme) !
Mr Kostin précise que cette ébouriffante performance sera réalisée si les résultats des entreprises viennent conforter les anticipations des gérants… Mais il se trompe complètement, ce n’est pas comme cela que la bourse fonctionne, en tous cas plus depuis que les QE existent.
Plus les révisions d’objectifs à la baisse prolifèrent, plus les cours s’envolent, et cela dure depuis le 4ème trimestre 2012 ; c’est magique.
J’ose à peine imaginer quel potentiel à la hausse attend Wall Street si les profits s’avèrent encore inférieurs aux prévisions au ras des pâquerettes formulées pour le 1er trimestre 2014 suite aux « intempéries des mois de janvier et février ».
Mais David Kostin nous assure que la croissance revient, timidement mais en se consolidant : la tendance va dans le bons sens et les profits devraient suivre (il ne se hasarde pas à pronostiquer à quelle progression il faut s’attendre. Ce dont il est sûr en revanche, c’est que les entreprises regorgent de cash et qu’avec tout cet argent, « il est possible de faire plein de choses ». Et notamment de racheter ses propres actions, une des clés de la flambée de l’année 2013. Puisque les entreprises US sont toujours aussi « riches » en 2014, elles devraient poursuivre dans le même esprit au cours des prochains mois, ou opter pour la distribution de dividendes plus généreux.
Alcoa, qui vient de publier ses trimestriels mardi soir, affiche une perte due à une charge exceptionnelle de 16 cents par titre, mais un gain honorable de 9 centimes ajusté, ce qui occulte un petit tassement du chiffre d’affaires de -8%.
Mais si l’économie US ralentit, Wall Street peut encore espérer trouver du soutien du côté de la FED. C’est le message qu’a voulu faire passer mardi après-midi le président ultra-colombe de la FED de Minneapolis, un dénommé Narayana Kocherlakota, qui estime que le rythme de réduction du QE3 va bien trop vite compte tenu de l’absence de vigueur (le fameux momentum) du marché du travail.
La réponse de certains membres de la FED ce n’est pas de se questionner sur la faiblesse de la demande et pourquoi les entreprises US n’embauchent pas… mais de remettre en route la planche à billet.
Férocement vôtre
Extrait de Pitbull, la lettre d’investissement mordante de Philippe Béchade