Pour parier sur un actif à la baisse vous pouvez :
- vendre celui-ci à découvert, s’il est « vadable », c’est-à-dire que le régulateur de marché autorise la vente à découvert (VAD) sur ce titre ;
- acheter un put sur cet actif si celui-ci est « optionable », c’est-à-dire si l’opérateur de marché (comme le NYSE) a créé un marché des options pour ce titre ;
- vendre un call sur ce titre, comme nous l’avons vu dans le dernier article.
Je vais vous montrer ci-dessous les avantages d’utiliser l’achat de put pour profiter d’un scénario baissier.
Achetez un put
Tout d’abord, un peu de théorie pour voir ce qui se passe lorsque vous achetez un put : quelle différence y a-t-il entre vendre un titre à découvert et acheter un put ?
Voici le profil gains/pertes de l’achat d’un put (courbe rouge) et d’une vente à découvert d’action (courbe verte):
- K est le prix d’exercice du put. Par souci de simplicité, je suppose que c’est également le niveau de vente à découvert de l’action (courbe verte).
- p représente la prime de l’option put.
Dans le cas de la vente à découvert (courbe verte), c’est très simple : vous gagnez de l’argent si l’action descend et devient inférieure à K (niveau d’entrée), et vous en perdez si elle monte (>K).
Si vous achetez le put de prime p (courbe rouge), il faut que le cours de l’action soit inférieur au prix d’exercice K diminué de la prime p pour que le résultat de la transaction soit dans le vert à l’échéance de l’option. Vous avez en effet déboursé la prime p pour avoir le droit de vendre l’action au prix K, et votre prix de vente « réel », tout compris, sera K–p.
Par contre, si l’action monte, votre perte ne peut être supérieure à p (cela est matérialisé par le trait horizontal rouge au niveau « –p« ).
En résumé, dans le cas de la vente à découvert, nous avons :
- une perte maximale potentielle illimitée (il n’y a pas de limite théorique à la hausse d’une action) ;
- un gain maximal potentiel limitée mais important : ce gain sera de valeur K si le titre tombe à zéro.
Dans le cas de l’achat de put :
- la perte maximale potentielle est connue et limitée (de valeur de la prime p) ;
- le gain maximal potentiel est limité à K–p si le titre tombe à zéro (il faut en effet enlever de votre gain le coût de la prime p de l’option que vous avez payée).
L’achat d’un put à nu (pour connaître la signification de l’expression « à nu », je vous renvoie à mon premier article de cette série) présente les avantages suivants par rapport à une vente à découvert classique :
- vous n’avez pas besoin de mettre de stop (cela évite ainsi de vous faire piéger par « la chasse aux stops » fréquente sur les marchés) mais vous avez tout de même une perte maximale connue et quantifiable (indispensable pour un bon money management) ;
- vous pouvez parier à la baisse sur un grand nombre d’actions (ce nombre est multiple de 100 avec les options), tout en étant exposé à une fraction de ce que vous le seriez avec une vente à découvert: vous n’êtes exposé qu’à hauteur de la prime. Ce que j’entends par « exposition » ici, c’est l’utilisation de la marge que vous avez à disposition sur votre portefeuille et qui limite le nombre possible de vos transactions. Acheter une option (en l’occurence un put ici) vous permet d’optimiser l’allocation d’actifs de votre portefeuille grâce à un fort effet de levier qui est tout de même de risque limité (au montant de la prime).
Exemple d’achat d’un put : parier sur la baisse d’AMAZON
Vous êtes baissier sur Amazon (AMZN : Nasdaq) qui vaut 424,36 $ le 20 mai 2015. Vous vous dites que d’ici 3 mois, le titre va forcément consolider, le PER prévisionnel sur 2016 de 165 est trop élevé (sans parler du PER actuel… !).
Vous pouvez par exemple acheter par le put AMZN AUG2015 420 P :
- son prix d’exercice (K) est de 420 $ ;
- sa date d’expiration est le vendredi 21 août après clôture ;
- sa prime p vaut 21,5 $ (comme le multiple est de 100, la prime totale vaut 2150 $).
Pour 2150 $, vous pouvez donc miser sur la baisse de 100 actions AMZN jusqu’au 21 août.
Comme illustré sur le graphique ci-dessous, votre seuil de rentabilité sera à 398,5 $ (K–p).
Il faut en effet que le cours de l’action baisse sous le prix du strike diminué de la prime pour que vous commenciez à gagner de l’argent. Ici, la prime est constituée uniquement de valeur temps (le put est légèrement hors de la monnaie). Relisez mon article sur les définitions des options si ce vocabulaire ne vous est pas familier.
Le même avantage que sur l’achat de call (relire ici l’article) s’applique concernant le stop. Votre perte maximale est de 2150 $ et vous ne pouvez pas vous faire sortir de la position accidentellement par une « chasse aux stops » ou un excès haussier à court terme par exemple, comme ceci pourrait être le cas avec un stop sur une vente à découvert classique.
Vous disposez de 3 mois pour que votre scénario de baisse se réalise, et vous pourrez bien entendu revendre votre option en tout temps jusqu’au 21 août.
Si par exemple, dans 2 mois, AMZN a bien consolidé jusque 380 $, vous pourrez alors revendre votre option avec bénéfice. Elle vaudra dans ce cas un peu plus de 4000 $ (40 $ x 100) et vous aurez presque doublé votre mise de départ de 2150 $.
En comparaison, si vous aviez vendu à découvert 100 actions AMZN ce 20 mai 2015 à 424,36 $, vous auriez eu une exposition de 42 436 $, ce qui aurait consommé une marge importante sur votre portefeuille. L’achat d’un put vous permet ici de « consommer » moins de capital en quelque sorte…
Ceci n’est qu’un exemple illustratif encore une fois, les paramètres d’option utilisés dans cet exemple avec Amazon ne sont pas optimaux et je vous prépare une formation complète pour que vous puissiez profiter de toute la puissance des options… Affaire à suivre.
Dans le prochain article, je vous parlerai de la vente d’un put, théorie et exemple à l’appui.
Plus d’articles sur les options :
- Les options et leur utilité dans la « vie réelle » (cours Options #1)
- L’utilisation des options dans le secteur de l’énergie (cours Options #2)
- Options : ce qu’il faut savoir avant de se lancer (cours Options #3)
- Options : dans, à ou hors la monnaie ? (cours Options #4)
- Qu’est-ce qui influence la prime d’une option? (cours Options #5)
- Stratégie sur option n°1 : vendre un put pour acheter une action moins chère (cours Options #6)
- Exemple de vente de put : acheter INFINERA moins cher (cours Options #6bis)
- Stratégie sur option n°2 : quand et pourquoi acheter un « call à nu » (cours Options #7)
- Stratégie sur options n°3 : quand et pourquoi vendre un « call à nu » (cours Options #8)
- Stratégie sur options n°4 : quand et pourquoi acheter un « put à nu » (cours Options #9)
- Stratégie sur options n°5 : quand et pourquoi vendre un « put à nu » (cours Options #10)