Pour faire suite à l’article de la semaine dernière concernant la psychologie du trader, je vous propose cette semaine un article plus concret sur la façon d’appréhender les stratégies de contre-tendance pour lesquelles j’ai reçu pas mal de questions.
Nous avions vu que le trading regroupait trois grandes familles de stratégies.
1 – Les trades de suivi de tendance
2 – Les trades de cassure
3 – Les trades dits de contre-tendance
Nous avons également constaté que chacun d’entre nous dispose d’un profil psychologique particulier qui lui permet de se sentir plus ou moins à l’aise avec une ou plusieurs de ces stratégies. Et donc de les exécuter avec plus ou moins d’affinité — ce qui est un des facteurs de réussite dans ce domaine.
Aujourd’hui, c’est à la dernière de ces stratégies — et certainement la plus mal comprise de toutes — que nous allons nous intéresser : la « contre-tendance », en deux mots, les stratégies contrariennes.
Souvent, les particuliers vendent un actif car « il a trop monté » ; ou, au contraire, ils en achètent un autre car « décidément, ça a trop baissé ». Tout cela sans disposer d’une approche cadrée, logique et rationnelle leur permettant de rentrer sur le marché tout en contrôlant leur money management — c’est-à-dire le risque associé au trade. Et c’est là que les problèmes commencent.
Afin de vous expliquer la logique que j’applique pour exécuter les trades de contre-tendance, je vais utiliser un exemple simple, en faisant bien entendu appel aux notions d’analyse dynamique dont je vous ai déjà parlé de nombreuses fois.
L’analyse dynamique est l’une des bases du système de trading que j’ai développé. Je l’utilise constamment comme vous avez certainement pu vous en apercevoir si vous avez eu le courage de parcourir mes précédentes publications dans le Billet du Trader.
Vous êtes prêt ?
On y va !
◊ Parlons unités de temps
Imaginons un instant que les flèches rouges sur le graphe ci-dessous représentent un joli canal graphique parfaitement baissier et que les cours du sous-jacent auquel nous nous intéressons fluctuent dans ce canal.

Ce canal encadre donc les prix sur un graphique en Unité de Temps (UT) jour. Les prix n’y sont pas représentés — c’est fait exprès, vous allez comprendre pourquoi.
Maintenant, imaginons que je me mette à acheter cet actif (action ou autre) au niveau de la croix verte. Vous risquez de me dire « mais non, impossible ; on n’achète pas un couteau qui tombe » et autres remarques (sensées) du style « la tendance est ton amie » qui font partie des dictons boursiers les plus fréquemment entendus.
Soit.
Vous avez raison.
Parfaitement raison.
Sauf que… pratiquons un peu l’analyse dynamique. C’est-à-dire l’étude de la propagation des impulsions à travers au moins trois UT, de façon à décomposer la dynamique des prix (pour reprendre à la base l’analyse des UT, relisez mon premier article sur le sujet).
Si vous êtes toujours avec moi, je vous me demande de bien vouloir m’accompagner sur ce graphique suivant.
Jusqu’ici, nous raisonnions sur une seule UT (l’UT journalière) qui était baissière. Je vais appeler cette UT (journalière) notre unité de temps de contrôle car c’est sur celle-ci que nous avons décidé de prendre position.
Pour valider cette prise de position et aller plus loin dans l’analyse, ajoutons l’UT supérieure : l’UT hebdomadaire (flèches bleues). Que constatons-nous ? Que cette UT est ici pour l’exemple en range ; en d’autres termes, les prix évoluent de façon latérale entre un support et une résistance.
Tiens donc. Nous venons de nous positionner sur un fort support hebdomadaire ! Cela ressemble déjà moins à l’idée que l’on peut se faire d’une contre-tendance, non ?
Le tout est de garder à l’esprit que la tendance ainsi que les supports/résistances des UT longues ont a priori toujours plus de poids que celles des UT courtes. Autrement dit, et pour caricaturer, un support intraday en UT 5 minutes aura toujours moins de poids qu’un support détecté sur une UT hebdomadaire.
Par ailleurs, pour que les cours aillent toucher un support d’une UT quelconque (ici hebdomadaire), il faut absolument qu’ils soient en tendance baissière sur une UT inférieure à celle-ci (ici la tendance journalière). Et ce, même si le canal de l’UT supérieure est haussier. Au minimum, une consolidation à l’intérieur de ce canal devra avoir lieu pour aller le rejoindre — et donc trouver un point d’entrée intéressant pour travailler le marché.
Eh oui ! En trading, on essaye d’acheter les supports et de vendre les résistances : ça marche généralement mieux comme ça… Vous allez me dire, « d’accord, mais les supports et résistances sont faits pour être cassés un jour ou l’autre ». C’est vrai… mais. Mais pas tout à fait.
◊ La troisième UT qui change tout
Il manque en effet la troisième pierre (ou troisième UT) qui compose le triptyque de l’analyse dynamique et qui change radicalement la donne.
C’est l’unité de temps inférieure à l’unité de temps de contrôle. Celle que j’appelle l’unité de temps « tactique » car c’est elle qui va toujours valider le point d’entrée et permettre de prendre position en sécurisant le trade.
Je m’explique en ajoutant une UT tactique à notre graphe précédent. Ce sera l’UT 2h.
Pour prendre position (sur le support un support hebdomadaire donc notre UT supérieure), j’attends que l’UT journalière (UT de contrôle) ramène les prix sur ce support. Je ne prends position que si l’unité de temps tactique a donné un signal de retournement à la hausse.
Cette façon de faire a, à mon avis (que j’espère vous partagerez), des avantages multiples que je résume brièvement :
1 – Sécurisation du trade
L’évolution des prix étant par nature imprévisible, on ne peut jamais être certain de la validité ou de la solidité d’un support. Autrement dit, même si vous avez détecté un support hebdomadaire, celui-ci pourra fonctionner si et uniquement si votre UT tactique s’est retournée à la hausse.
Autre avantage : cela permet d’éviter de faire des erreurs dans les cas où le support devait être cassé. C’est-à-dire que tant que l’unité de temps 2h est baissière, votre support hebdo n’a aucune chance de fonctionner. Dans ce cas de figure, vous évitez tout simplement de faire une erreur qui viendrait entamer votre compte de trading.
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En indiquant 5 petits chiffres à votre courtier, vous pourriez transformer le moindre mouvement de cours en profits potentiels à deux ou trois chiffres… que les marchés soient à la hausse ou à la baisse.
Ce « Code Profits » a déjà rapporté des gains à répétition : tout est expliqué ici — pourquoi attendre pour faire passer votre portefeuille à la vitesse supérieure ?
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Evitez des erreurs grossières de la sorte, et c’est déjà la moitié du chemin vers le succès qui est fait.
En revanche, si votre UT tactique donne un signal de retournement sur la zone du support hebdomadaire, le support hebdo a alors une bien meilleure probabilité d’être validé. En outre, vous interviendrez de façon nettement plus sécurisée.
2 – Rapidité d’exécution
Quand on ne pratique pas l’analyse dynamique, on ne se rend pas forcément compte d’une chose importante : le simple fait de baser son entrée sur signal/confirmation (retournement) d’une UT inférieure permet non seulement de sécuriser la prise de position sur un support, mais en plus, cela permet de le faire rapidement, souvent à un niveau extrêmement proche du point de retournement sur l’UT supérieure. Dans l’exemple ci-dessus, on entre en position sur un support hebdomadaire, en utilisant l’UT 2h.
Imaginez un instant que l’on ne trade qu’avec l’aide d’une seule UT — l’hebdomadaire, celle où l’on a détecté le support.
Même en étant très rapide, si l’on attend un signal de retournement uniquement sur cette UT, il faudra deux ou trois bougies hebdomadaires (trois semaines, autant dire une éternité) avant de voir les premiers signes de retournement. Les prix auront déjà rebondi, une partie du retracement sera déjà consommée (moins de potentiel pour votre trade) et évidemment, le stop de protection devra impérativement être placé proportionnellement plus loin — sous le support par exemple.
Risqué… très risqué, même, si les prix se retournent ensuite.
Alors qu’en analyse dynamique, le support hebdomadaire est joué dès que l’UT 2h se retourne et donne son signal. Même si il faut attendre 5 ou 6 bougies de 2h, (soit l’équivalent d’un jour ou deux), c’est de toute façon beaucoup plus rapide que deux ou trois bougies hebdomadaires, vous en conviendrez.
Donc non seulement cette façon de faire permet de sécuriser le trade, mais en plus, elle permet une bien plus grande précision et réactivité que l’utilisation d’un système de trading basé sur une seule unité de temps.
Mais ce n’est pas tout. L’avantage le plus important est à suivre : il s’agit de l’impact sur le money management. Je vous demande encore deux petites minutes d’attention.
3 – Money management – positionnement des stops
Récapitulons : nous avons pris position sur un support hebdomadaire en le validant à l’aide d’un signal de retournement de l’unité de temps tactique, le 2h.
Une fois l’unité de temps 2h passée haussière, le stop peut alors être placé (par exemple) sous le point bas de l’UT 2h, ce qui est extrêmement proche de votre point d’entrée ! Si le signal est bon, cela doit passer.
Donc, stop serré = risque limité.
Autre effet collatéral : tant que votre unité de temps tactique progresse dans le sens de votre prise de position, votre trade est totalement sécurisé.
Il n’y a aucun stress émotionnel, aucune question existentielle à se poser. Il n’y a qu’à surveiller régulièrement l’évolution de l’UT tactique pour confirmer que tout va bien et laisser les prix évoluer à votre avantage.
[NDLR : Et si vous voulez optimiser votre money management, faites confiance à un spécialiste ! Il vous donne les bases de son approche dans cette vidéo exclusive…
Mais si le marché se retourne contre votre trade ? Comment réagir ?
4 – Sortie de position
L’UT de temps tactique se retourne ou met en place un mouvement de consolidation ? A un moment ou l’autre, c’est obligatoire. Inévitable. Cela fait partie du jeu. Dans ce cas, on gère la position en prenant ses bénéfices sur au moins un tiers de la ligne. Même si ce bénéfice est faible, il a un impact majeur : il permet de remonter le stop — très souvent au niveau du point d’entrée, ou en tout cas très très proche.
Autrement dit, cette sortie d’un tiers de position vous permet de payer le stop pour le restant du trade.
Et là, oh miracle, vous êtes maintenant en position sur le marché avec deux tiers de votre ligne initiale… mais plus aucun risque, ou alors très limité. Car si les prix se retournent contre vous, les deux autres tiers vont être sortis par le stop qui a été remonté au niveau du point d’entrée ou alors très proche.
Le trade se termine donc avec soit une très faible perte, soit un trade flat (c’est-à-dire pas de gain, mais surtout, et c’est essentiel, pas de perte non plus) sur les deux tiers de la position. Plus un petit gain sur le premier tiers.
Pour gagner en Bourse, il faut déjà éviter les pertes conséquentes. C’est exactement ce que cette approche vous permet de faire. Dans le meilleur des cas, si les prix retracent tout ou partie du range de l’UT hebdomadaire, c’est bingo.
Bref, vous l’aurez compris, je ne peux imaginer me passer de l’analyse dynamique. Je reviendrai sur la façon de sortir de votre position, car il y aura beaucoup à dire également.
◊ Conclusion
En utilisant ne serait-ce que les principes de base de l’analyse dynamique, la courbe de progression du capital devrait vous remercier et les draw down du compte de trading devraient être radicalement limités.
Cela nécessite en revanche d’opérer avec une grande discipline au niveau de la prise de position et de la gestion des stops. Il est également essentiel de ne jamais avoir d’idée préconçue quant à l’évolution des marchés.
Autre avantage : cette méthodologie est adaptable à n’importe quel système de trading, quels que soient les outils qui le composent et quel soit votre horizon d’investissement : mensuel/hebdomadaire/journalier… ou bien 2h/30mn/5mn si vous pratiquez le trading intraday.
L’essentiel étant de trader sur des UT compatibles avec votre mode de vie, vos obligations professionnelles et… le temps que vous acceptez de consacrer à cette activité.
Si l’approche dynamique vous intéresse, vous pouvez obtenir beaucoup plus d’informations en visionnant ce webinaire (gratuit) qui explique comment la mettre en place, quels sont les ratios à utiliser entre les différentes UT qui le composent, comment détecter les supports selon leur nature etc.
Je vous dis à bientôt, et bons trades en attendant.
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2 commentaires
Merci pour cet article aussi clair qu’intéressant.
Dans mon cas, et probablement dans celui d’autres, je dois ajouter les frais d’opérations sur produits dérivés que me facture Saxo Banque, ce qui modifie le point mort du trade, et impose probablement de déplacer le stop ou les quantités engagées.
Gilles ne vous a pas tout dit 😉
en vérité, pour ses ses trades en swing, il fait bien les étapes 1 (Jour) et 2 (Hebdo)
Pour l’étape 3, je me suis longtemps demandé comment il faisait réellement, car ses entrées sont toujours excellentes
En réalité, il regarde quand UT2h va se retourner, quand une configuration favorable approche, et là, il regarde… sur l’UT inférieure, le 15min, et sur l’accélération du 15min, il a toutes les chances d’emmener le 2h sur son passage et de valider le trade sécurisé en UT Jour
Comme pour traverser la route, on regarde à gauche… mais aussi à droite 😉