Outre les chiffres mensuels de l’emploi américain demain (ils auront comme toujours leur importance, surtout après la déception suscitée hier par les résultats de l’enquête ADP sur l’emploi privé), l’évolution du baril devrait être l’un des grands marqueurs de cette fin de semaine – sans oublier bien sûr le feuilleton commercial entre Pékin et Washington).
Or, il vaut mieux avoir le cœur bien accroché sur l’or noir ces derniers jours. Vendredi dernier, en plein Black Friday, les cours ont brusquement décroché de plus de 5% en fin de séance. Si la faiblesse des volumes d’activité (bon nombre d’opérateurs avaient fait le pont au lendemain de Thanksgiving) pouvait interpeller quant à la légitimité de ce mouvement, en ce qui me concerne, et comme je l’expliquais mardi dans ces colonnes, je n’étais pas très à l’aise avec la structure en drapeau ascendant (visible en pointillés noirs sur le graphique journalier du WTI ci-dessous).
D’un point de vue statistique, cette configuration joue en effet un rôle de continuation de tendance, baissière donc a priori ici étant donné le sens d’entrée.
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Des dissenssions parmi les membres de l’OPEP ?
Les acheteurs ont cependant répondu hier avec force dans une bougie, haussière cette fois, tout aussi impulsive que celle de vendredi. Le repli des stocks hebdomadaires de brut et les propos du ministre irakien du Pétrole mardi soir selon lequel de nouvelles baisses de production allaient être discutées ont constitué les catalyseurs de cette reprise.
Pour autant, à en croire les autres membres de l’OPEP, nous serions loin d’un consensus. Interrogé hier sur le sujet, le prince saoudien Mohammed Ben Salmane a ainsi fait profil bas, alors même qu’avec l’IPO du géant Aramco, le pays aurait tout intérêt à avoir un baril élevé.
De son côté, le ministre koweïtien de l’Energie n’aurait visiblement pas été mis au courant d’éventuelles tractations… Alors, qui croire ?
On se retrouve ici dans un imbroglio comparable à la guerre commerciale qui met aux prises Pékin et Washington. Un jour c’est blanc, l’autre c’est noir.
Dès lors, il n’est guère surprenant d’assister à d’importants contrepieds, baissier donc vendredi, puis haussier hier (cf. les deux flèches noires sur mon graphique ci-dessus). Dans le jargon technique, on appelle cela des « portes de saloon » dans les règles de l’art et dans un tel contexte, je pense qu’il est plus sage de rester sur le banc de touche…