Très franchement, il y a de quoi en perdre son latin – si tant est que vous maitrisiez la langue. Rappelez-vous.
La première estimation du PIB américain pour le premier trimestre donnait +0,1% de croissance ; la première révision, fin mai, donnait un recul de -1%… mais mercredi, le verdict final est tombé : c’est finalement un recul de -2,9% que le PIB US aura enregistré sur les trois premiers mois de l’année.
Une énorme révision comme j’ai eu peu l’occasion d’en voir en plus de 25 ans de pérégrinations sur les marchés financiers.
Il faut savoir que les Etats-Unis publient en général leurs données macro-économiques très rapidement après la fin de la période analysée, et les révisent de nombreuses fois par la suite. Par exemple, les chiffres du chômage américain sortent en général quatre à cinq jours après la fin du mois (en général le vendredi) tandis qu’en France ce même chiffre est dévoilé à la fin du mois suivant !
Ce qu’il faut comprendre, pour mettre en perspective cette récession de 2,9% sur un trimestre, c’est que du coup, la croissance américaine ressort seulement à 1,5% sur l’année… Et l’acquis de croissance, c’est-à-dire la croissance annuelle des Etats-Unis si l’activité stagne pendant les trois prochains trimestres, est seulement de 0,4%.
La raison principale donnée pour expliquer ce repli de l’activité est évidemment les conditions météorologiques qui ont lourdement pesé sur la consommation des ménages. Ainsi, les dépenses de consommation ont progressé de seulement 1% tandis que l’investissement des entreprises a reculé.
L’impact sur les marchés ?
Il y eu à peine un repli sur les indices américains. La baisse a eu des proportions très limitées. D’une part parce que ce chiffre, dû à une période de grand froid, ne remet pas en cause le rebond attendu de la croissance pour les prochains mois, qui sera dans un premier temps essentiellement technique : il y aura mécaniquement un rattrapage et la croissance est attendue entre 3,5% et 4,5% (fourchette très large) pour le deuxième trimestre.
En plus, vous savez comment fonctionnent les marchés : ces chiffres mauvais encouragent la Réserve Fédérale à différer sa remontée des taux… Et qui dit maintien des taux pendant un certain temps dit également marchés financiers à l’abri d’une secousse sur les actions et sur les taux.
Il faudra donc attendre le troisième trimestre pour savoir où en est vraiment l’économie américaine. D’ici là, il n’y aura rien aucun bouleversement à attendre dans la politique monétaire accommodante de la Fed, et les marchés l’ont bien compris : ils restent orientés à la hausse.