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Prosternez-vous devant le « Juggernaut rally » !

By 16 août 2021janvier 23rd, 20232 Comments

Le « Juggernaut rally » est la nouvelle expression boursière venant de Wall Street et de la City. Nouvelle façon de dire « to the moon » ? Analyse de Philippe Béchade.

 

Prosternez-vous devant le « Juggernaut rally »… car voilà un nouvel élément de langage qui fait florès dans les salles de marché de la City ou de Wall Street. Il exprime – enfin en version british – ce que nous décrivons depuis des années avec la mainmise des banques centrales sur le mécanisme de fixation des prix de tous les actifs, c’est-à-dire l’avancée inexorable d’une hausse « rouleau compresseur », mais dont la meilleure traduction est en l’occurrence « mastodonte ».

C’est ce que nous avons déjà décrit comme une « force qui va » : la formule est de Victor Hugo et elle est prononcée par son héros Hernani pour signifier qu’aucun obstacle ne le détournera de l’accomplissement de son destin.

Les obstacles en question pourraient s’appeler inflation, chute de la confiance des consommateurs, restrictions sanitaires, voir apartheid sanitaire (privant des millions de citoyens – à 99,8% en bonne santé – de leur pleine capacité d’aller et venir et de consommer) que cela n’enrayera pas le « Juggernaut rally », la « bulle de tout », le « to the moon »…

Bien qu’elles tentent d’échafauder un calendrier de « normalisation », les banques centrales ne peuvent plus se permettre ni un « tapering » (réduction des achats), ni une hausse de taux.

La prime de rendement, jamais aussi faible !

En effet, les Etats-Unis viennent de se surendetter de 1 000 à 3 500 Mds$ mercredi dernier pour l’exercice budgétaire 2021/2022. Avec un taux directeur à 1,5%, les recettes fiscales seraient tout juste suffisantes pour couvrir le service de la dette. Et à 2% ce serait insoutenable !

Ne parlons pas d’un scénario de « taux neutre » qui se situerait autour de 5,5% (inflation « PCE » à 4% en juillet, croissance à 6,2%).

Par ailleurs, les banques centrales sont désormais les seules contreparties acheteuses, directement ou indirectement (par « effet d’assèchement » sur les catégories supérieures à « BBB ») pour tout l’éventail des émissions obligataires de « AAA » à « Junk ».

Jamais la prime de rendement n’a été aussi faible pour les premières par rapport aux secondes que ce vendredi 13 août. Jamais non plus l’écart entre le rendement moyen des émissions obligataires et l’inflation réelle n’a été aussi abyssal aux Etats-Unis depuis 1980 qu’en cette mi-août.

Mais la FED et les économistes plus grands gérants d’actifs sont en train de rôder un nouveau narratif destiné à anesthésier l’appréhension des marchés : la seule inflation dont il soit légitime de se méfier est celle des salaires.

Un marché de l’emploi précaire…

En effet, la hausse des biens et services ne sera que transitoire, même si la culmination espérée cet automne ne survenait que début 2022. Mais les salaires vont-ils demeurer sages d’ici fin 2021 compte tenu de la teneur des derniers rapports « JOLT » qui recensent les emplois à pourvoir ?

L’enquête de juillet a battu un record historique avec 10,2 propositions de jobs accessibles immédiatement… qui peinent pourtant à trouver preneur. Ajouté à cela que des millions de chômeurs et de ménages financièrement précaires continuent de bénéficier d’aides fédérales.

Les marchés feignent de croire que le marché de l’emploi va s’équilibrer d’ici le printemps 2022 alors que le secteur de la construction manque de personnel qualifié, de même que la cybersécurité ou les crypto-actifs.

Plus cyniquement, le télétravail permet de délocaliser vers l’Inde beaucoup d’emplois du tertiaire (pour les entreprises américaines), ce qui va permettre de contenir la hausse des salaires dans l’infogérance, les banques, les compagnies d’assurance, les SSII, les fonctions support, etc.

Les 3 sorcières sur les chapeaux de roues !

Mais le « Juggernaut rally » ne s’alimente que partiellement des éléments conjoncturels évoqués précédemment le principal moteur demeure la liquidité et les anticipations relatives à la disponibilité de ces liquidités : Wall Street ne semble redouter aucun tarissement dans un avenir prévisible même si plusieurs membres de la FED tentent de « timer » une normalisation pour le 1er semestre 2022.

La récente détente des taux (à un plus bas depuis fin janvier pour les Bunds et OAT), ou début février (T-Bonds US) semble au contraire traduire un report des anticipations au 1er semestre 2023.

Cette détente alimente un autre « rallye » qui est celui des cryptos-actifs : le Bitcoin est repassé de 29 500 à 47 500 $, soit près de +61,8%.

Dans ce contexte de « risk on », les métaux précieux ont été victimes d’une attaque en règle le week-end du 6 au 9 août, l’or chutant de 1,810 vers 1,760$ puis vers 1,680 $ en quelques heures lundi dernier, dans ce qui s’apparente à un véritable épisode de capitulation. Alors même que le Bitcoin bondissant symétriquement de +12%.

Pas moins de 100 $ ont été repris en quatre séances.

Mais ce que les opérateurs retiennent de la quinzaine écoulée, c’est bien le « Juggernaut rally » des indices boursiers avec une série de quatre records consécutifs qui propulsent le Dow Jones vers 35 610 points et le S&P500 vers 4 468,37 points (six records de clôture en sept séances).

La CAC40 a lui inscrit un 9/10 à la hausse au cours de ces deux semaines sans précédent, dont 9 records annuels en 10 séances pour le CAC « PX1 » (à 6 913, soit 30 points de moins que le 4 septembre 2000) et 9 record absolus pour le CAC40 « GR » qui culminait à 19 605 points le 13 août.

La semaine des « 3 sorcières » débute sur une petite consolidation de -0,5%, ce qui pourrait constituer une répétition du scénario de la semaine précédente.

Les investisseurs n’y accorderont que peu d’importance, car sur toutes les chaînes d’information en continu (généralistes ou financières) tournent en boucle les images des Talibans investissant le palais présidentiel (son occupant a pris la fuite vers le Pakistan) et cernant l’aéroport de Kaboul 87 jours avant le délai annoncé par Joe Biden il y a une semaine lors d’une allocution où il avait annoncé que Kaboul – bien défendu par 300 000 soldats de l’armée régulière face à 75 000 Talibans ne tomberait pas avant 3 mois.

Après 2 000 Mds$ engloutis dans la « sécurisation » du pays, des milliers d’américains et d’occidentaux – ainsi que leurs « contacts » locaux – se retrouvent cernés sur l’aéroport de Kaboul et le monde entier assiste médusé aux même scènes que lors de la prise de Saïgon les 29 et 30 avril 1975.

Mais à la grosse différence de la fuite en catastrophe de 1975… les images sont en couleur et non plus en noir et blanc.

Pour ceux qui resteront prisonniers sur le sol afghan, la suite ne s’annonce pas plus enviable… surtout si le citoyen est une citoyenne.

2 commentaires

  • Avatar Garofula dit :

    Pas de citoyennes dans ce territoire, seulement des ombres rasant les murs.

    Le fruit est mûr pour les Chinois qui, après avoir donné le change pendant quelque temps, s’empresseront de créer des camps de rééducation pour les 37 millions d’Afghans. Eux comprennent ce qu’est un but de guerre.

  • Avatar le chinois dit :

    Kaboul « tombe » pile un mois après la visite de Madame Merkel chez M Biden. Mutti a qui il reste cinq semaines veut en faire cadeau a l’Allemagne de nouveau-si c’est possible- de trois millions de migrants.
    .et c n’est pas une blague.
    Mutti, -je ne sais pas- par vengeance /possible/ ou par idéologie veut mettre fin a l’histoire de l’Allemagne. Une Nation « arc-en -ciel » est un nouveau départ c’est sûr .
    Mais qui demande ?
    En autre, la première tourné avait coûté 87 Mds, /fin 2019/ seul 30% avait du travail, donc 70% vivait au crochet de l’Etat.

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