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A l’issue de la 1ère semaine du mois de juin, avec un gain de 5,5%, Stellantis s’impose comme une des figures de proue du CAC40. Philippe Béchade analyse alors les conséquences sur le marché automobile électrique.

 

Au rythme actuel Stellantis pourrait rapidement combler son retard sur Société Générale et Saint Gobain, qui ont progressé de 55,3% respectivement.

Le titre suscite un engouement qui surprend beaucoup d’analystes, ces mêmes analystes qui ne juraient que par Tesla. Jugé en retard dans le développement des véhicules électriques, Stellantis semble enfin avoir passé la seconde ces derniers mois.

Si depuis le 1er janvier, Volkswagen et Ford se sont envolés de 81%, c’est finalement au mois de juin que l’écart entre les trois titres s’est resserrés : 97% pour Volkswagen, +105% pour Stellantis et +117% pour Ford.

D’un point de vue « chartiste », Stellantis vient de triompher d’une importante résistance (17 €) : le prochain objectif pourrait être le quadruplement par rapport au plancher des 4,83 € de mi-mars 2020, soit 19,5 € environ (le titre enchaîne les records absolus depuis le 21 mai, pas moins de 9 en 11 séances… mais surtout, le titre vient d’aligner une série sans précédent de 12 séances de hausse consécutives au fixing d’ouverture.

Tesla dans la tourmente

Dans le même temps, Tesla a chuté de 4% sur la semaine, de 11% sur le mois… et de 15% à l’ouverture vendredi ! L’entreprise d’Elon Musk tente de préserver le support majeur des 563 $ des 8 mars et 19 mai. Néanmoins, une cassure pourrait déclencher une vague de prise de bénéfices après une multiplication par 7 de son cours par rapport à son plancher des 85 $ du 20 mars 2020.

Cette hausse avait atteint des sommets avec le test des 900 $ le 24 janvier dernier. Un exploit qu’aucun constructeur n’avait jamais accompli en 100 ans d’histoire de l’industrie automobile.

Cependant, il faut se souvenir que cette hausse n’avait rien à voir avec une réussite industrielle : c’est le premier exemple d’une guerre sans merci entre fans d’Elon Musk et vendeurs à découvert, une sorte de galop d’essai – très réussi – avant des opérations commando anti-shorts encore plus sauvages sur GameStop il y a 8 jours et AMC, la semaine dernière.

Ce n’est plus de la Bourse, c’est du poker… ou même une guerre des gangs.

Revenons à des « investissements responsables » et aux origines du retour en grâce de Stellantis. Le groupe franco-italo-américain compte atteindre ses objectifs européens en matière d’émissions de dioxyde de carbone dès cette année… sans acheter de crédits carbone à Tesla.

Stellantis compte commercialiser une version hybride ou « 100% électrique » de tous ses modèles européens de voitures d’ici 2025 (Opel, Fiat, Peugeot, DS). Les véhicules de cette catégorie devraient peser 70% des ventes européennes du groupe d’ici 2030, le « thermique pur » tombant ainsi à 30%.

La question des batteries apparaissait cruciale, Stellantis compte relever le défi et devenir autonome. Après avoir déjà lancé deux projets de gigafactory en France et en Allemagne (coentreprise avec Saft, filiale de TotalEnergies), et un investissement de 5 Mds€, le groupe a choisi l’Italie pour construire sa troisième gigafactory. Ces trois unités devraient produire suffisamment de batteries pour équiper un million de voitures par an à l’horizon 2028-2030.

Le « momentum » semble basculer en faveur de Stellantis, mais également de Volkswagen ou Ford au détriment de Tesla. L’entreprise américaine a vu le marché mondial des voitures électriques connaître une baisse brutale au mois d’avril et avec lui, ses parts de marché (de 29% à 11%).

Sur une base mensuelle, il s’agit de la plus faible part de marché mondiale enregistrée par Tesla depuis janvier 2019 ! et sa part de marché est passée de 19% au mois de mars à 8% au mois d’avril. Les ventes affichant également une chute de 50% par rapport à mai 2020 en Chine.

Les constructeurs chinois entrent dans la course

Aussi, les ventes dans l’Empire du Milieu subissent un brusque coup de frein depuis deux mois… La métaphore est à prendre au premier degré puisque le système de freinage des Tesla est sur la sellette. La marque est accusée « d’arrogance » face aux critiques des médias spécialisés chinois pour lesquels la riposte « on est les meilleurs sur le marché dans tous les domaines » est jugée un peu courte et, il faut le reconnaître, provocatrice.

Les projections de croissance de 20% en Chine semblent compromises, surtout qu’il s’agit d’un pays qui compte pour 50% du nombre de voitures électriques vendues dans le monde. Les ventes sont anticipées en hausse de 24% par an d’ici 2030, soit 9 millions de véhicules (contre 1 250M en 2020).

Tesla fait face à la montée en puissance de ses principaux concurrents locaux que sont BYD et Wulin (80 et 75 000 véhicules vendus respectivement), puis NIO (50 000 attendu en 2021) grâce à ses ventes de SUV.

NIO gagne des parts de marché par rapport à Tesla grâce à NIO House and Space (bornes de recharge domestiques et stations d’échange de batteries).

Il ne faut pas oublier que Volkswagen mise également des dizaines de milliards d’euros en Chine (via JAC-Volkswagen et Gotion pour les batteries) : les véhicules qui y sont produits, seront en partie exportés vers l’Europe.

Autre petite précision, l’Allemagne est le second marché mondial avec 395 000 véhicules en 2020 (12,5% de part de marché, 12% pour les hybrides, et 73,5% pour le thermique et 2% pour le GPL/hydrogène) contre 328 000 électriques (rechargeables) seulement pour les Etats-Unis.

Tesla se voit donc concurrencer dans le haut de gamme par deux autres marques du groupe Volkswagen : Porsche et Audi… Et dans l’ultra haut de gamme, c’est Bentley qui ridiculisera la plus puissante des Tesla en terme de performances sportives avec Lamborghini et Bugatti.

La part de marché de Tesla en Allemagne recule inexorablement alors que les constructeurs germaniques proposaient déjà 75 modèles « full électriques » ou hybrides rechargeables fin 2020. Et il en arrive de nouveaux tous les mois, à tous les prix, avec un réseau de distribution/entretien qui écrase celui de Tesla.

Ce sont autant de crédits carbone que les constructeurs allemands – et Stellantis – n’achètent plus à leur rival américain… dont c’était tout simplement la seule source de profits en 2020 (près de 1,6Md$ sur l’ensemble de 2020,518 M$ au 1er trimestre 2021)

 

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