Très souvent, je vous parle de mes relations parmi les gérants sans citer de nom. J’ai donc décidé de vous ouvrir mon carnet d’adresses et d’aller rencontrer pour vous Sébastien Korchia, que je connais depuis de nombreuses années et avec qui j’ai tissé une vraie relation professionnelle. Libre à vous de suivre (ou pas) sa stratégie d’investissement, mais vous allez voir que d’un analyste (Sébastien Korchia) à l’autre (moi, en l’occurrence), les avis divergent !
A moins de quarante ans, il gère plusieurs fonds chez Meeschaert Asset Management dont MAM Entreprises Familiales. La philosophie du fonds est assez originale : “Notre stratégie est d’investir dans des sociétés familiales, très présentes aussi bien au capital qu’en opérationnel”.
Parmi ses principales lignes figurent bien sûr des grandes sociétés du CAC 40 comme L’OREAL mais, vous vous en doutez, ce n’est pas ce qui retient mon attention. Car je reste polarisé sur les small caps.
Donc le fonds, même s’il est investi dans le géant des cosmétiques ou dans CARREFOUR, a réalisé 50% de ses investissements dans des valeurs de l’Eurolist B, l’Eurolist C ou encore Alternext et même le Marché Libre (nous en parlerons plus tard).
• La ligne la plus importante : GECI… pas sûr que ce soit une bonne idée
La première ligne de ce fonds est GECI AVIATION (FR0010449199 – ALRAI), pour 41 millions d’euros (mero). Sébastien m’explique : “Je suis un fana d’aéronautique et je crois beaucoup au développement du Skylander, l’avion ultra-léger de GECI AVIATION dont l’achèvement est prévu d’ici 18 mois”.
Je sais que Mathieu Lebrun vous avait parlé justement de GECI INTERNATIONAL, le 3 juin dernier, dans le Billet du Trader, comme manière de jouer le salon du Bourget, notamment grâce au projet Skylander. Si Mathieu a une approche technique du groupe, et Sébastien de GECI AVIATION, de mon côté… je dois bien avouer que je ne partage pas leur optimisme sur ce dossier.
Cela fait des années que j’entends parler du Skylander… J’en avais même parlé de longues heures avec Serge Bitboul, le P-DG de GECI il y a quatre ans quand je travaillais chez Euroland Finance. A cette époque, nous avions lancé une augmentation de capital de 20 mero, essentiellement pour le développement du Skylander. Le soufflé est retombé. Donc je n’investirai pas sur GECI AVIATION ; mais ce n’est que mon point de vue.
• GROUPE PARTOUCHE ? Allez-y, mais pas maintenant !
Sebastien Korchia évoque ensuite GROUPE PARTOUCHE (FR0000053548 – PARP), l’une de ses autres lignes. “Je suis rentré il y a plusieurs mois dans le dossier et je trouve que l’arrivée de Butler Capital Partners donne un nouvel élan à la valeur. Je vise 4 euros sur l’action et un newsflow qui devrait être positif dans les prochains mois”.
Si je calcule bien, cela fait une plus-value potentielle de l’ordre 40%, ce qui n’est pas négligeable. Je partage assez son avis sur le dossier même si je pense que l’action doit entamer une consolidation sur les cours actuels. En effet, PARTOUCHE prend déjà 50% depuis le 1er janvier, ce qui me semble beaucoup alors qu’on est simplement à l’aube d’une recovery*. Donc oui pour PARTOUCHE, mais à plus long terme, et j’attendrai un repli pour me positionner plus sereinement.
• MONTUPET : un bon dossier à mon avis
Le gérant est ensuite assez positif sur MONTUPET (FR0000037046 – MON), un équipementier automobile fabricant des pièces d’outillage et de fonderie en aluminium. “L’action se paye sur un PER de 7, tout en valant moins que ses fonds propres. Elle est très en retard par rapport aux autres équipementiers automobiles. N’oublions pas que son plus haut de 2007 est de 21 euros alors que l’action ne vaut que 8 euros actuellement !”.
J’avoue que je partage son sentiment… Car après plusieurs années de restructuration, marquées notamment par la fermeture de cinq usines ou encore par l’arrêt de sa filiale chinoise, le groupe semble être prêt à poursuivre son redressement entamé en 2010. Je le suivrais donc dans son achat si j’étais vous.
Enfin, je vous parlais plus haut du Marché Libre… là où l’on trouve encore des pépites ignorées du grand public… mais aussi des titres complètement pourris dont il faut rester à l’écart (eh oui, il faut de tout pour faire un marché).
• Si vous vous sentez l’âme d’un business angel…
Sebastien Korchia a évoqué avec moi FINAXO ENVIRONNEMENT (FR0010487272 – MLFXO), société du Marché Libre qui est même la dixième ligne de son fonds.
J’avoue que d’emblée je suis assez dubitatif sur cette entreprise qui ne brille pas par sa communication. “Finaxo développe un système très novateur qui permet de détruire tous types de déchets par un brûleur, entraînant un faible taux de résidu. Ce système peut également générer de l’électricité” m’explique Sebastien qui considère que ce dossier peut être une vraie pépite.
Une pépite qui a réalisé l’an dernier une perte de 70 kero (kilo euro, soit 70 000 euros) pour un chiffre d’affaires de 1,7 mero. Et combien vaut cette pépite ? 26,9 mero. Vous comprenez pourquoi cela me semble dangereux au premier abord. Mais après tout… pourquoi ne pas l’envisager comme un ultra-spéculatif qui s’apparenterait à du capital risque ?
Mais attention quand même au Marché Libre : c’est un marché non réglementé et assez dangereux pour les particuliers… Les accidents boursiers y sont fréquents. Donc si je me mets à votre place d’investisseur particulier, je vous déconseillerais d’aller sur FINAXO. Sauf si vous vous sentez l‘âme d’un business angel…
• Une belle boîte en pleine recovery, que certains d’entre vous connaissent
Ah ! Par contre, voici une belle valeur. Je sais que certains d’entre vous connaissent cette pépite, puisque mon collègue Jean Chabru vous en a déjà parlé dans sa lettre : c’est STORE ELECTRONIC SYSTEMS (FR0010282822 – SESL)
Sebastien Korchia estime que “c’est le retour en grâce après un exercice difficile marqué par un recul de 33% de son bénéfice net à 8,3 mero“.
La société n’est autre que le leader mondial de la conception, de la commercialisation et de l’installation de systèmes d’étiquetage électronique de gondole. En clair : les petites étiquettes électroniques que vous voyez en faisant vos courses, c’est SES.
Au T1, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 12,3 mero, en hausse de 28,4%. “J’ai un objectif de cours de 15 euros sur la valeur” conclut le gérant. Le titre cote aujourd’hui moins de 13 euros ; il reste un petit potentiel donc.
Plus globalement, Sebastien Korchia est relativement prudent sur les marchés actions et n’exclut pas un retour du CAC 40 sur les 3 700 points. Là, je suis entièrement de son avis — voire un peu plus pessimiste encore travaillant depuis longtemps avec notre ami Philippe Béchade, que vous connaissez déjà.
Du coup, pour rester prudent, Sébastien garde 21% du capital du fonds en cash. Depuis le début de l’année, son fonds qui n’a pas véritablement de benchmark — de référence pour être plus clair –, progresse de 8,8%…
Osons quand même la comparaison : le CAC 40 gagne 1,8% depuis le 1er janvier quand l’indice CAC Mid and Small s’adjuge 6,8%. De quoi prendre au sérieux tous les conseils prodigués par cet homme.
* Décryptage : recovery
On parle de recovery pour une entreprise lorsqu’elle retourne à la profitabilité après une période de déficit. |
2 commentaires
Apprectioain for this information is over 9000thank you!
[…] un PER de 13 même si son marché est promis à un bel avenir. Il est difficile de le quantifier et Store Electronic (FR0010282822) progresse de 2,4% sur un an. AKPC_IDS += […]