Quoique franchement encourageantes, ces prévisions sont passées relativement inaperçues, les investisseurs restant obnubilés par les innombrables développements de la guerre commerciale. Il n’en demeure pas moins que Syntec Numérique vise une croissance de l’ordre de 3,9% pour les services IT, le conseil en technologies et l’édition de logiciels en France l’an prochain.
Un pourcentage prometteur, bien qu’un peu inférieur à celui de l’année qui s’achève et malgré, comme toujours, des disparités selon les secteurs.
Les services IT ne devraient ainsi croître « que » de 3% en 2019, du fait d’une décroissance de l’outsourcing d’infrastructures(une activité faiblement margée en général) et d’un ralentissement de l’expansion de l’infogérance applicative (anticipée en augmentation de 4,8%,soit 0,9 point de moins qu’en 2018). Les éditeurs de logiciels, eux, devraient une nouvelle fois bien tenir la route l’année prochaine (+5,1%, à comparer à+5,3% cette année).
De même, le conseil en technologies, ou conseil en recherche et développement externalisée comme l’appellent parfois les spécialistes, est attendu en progression de 5,2% à la faveur des bonnes dynamiques des secteurs aéronautique et de l’énergie, lesquels bénéficient de la montée en puissance des technologies renouvelables.
Reste toutefois à savoir si cette tendance globalement favorable pour l’ensemble du numérique ira de pair avec une stabilisation des marges. Ce n’est pas sûr du tout et je parie même sur une moindre rentabilité l’an prochain. Explications.
La rentabilité pourrait diminuer
Le secteur dans son ensemble est actuellement dans une situation de plein emploi, avec un turnover très important, parfois supérieur à 20%. Regardons par exemple la dernière publication de Wavestone (FR0013357621-WAVE), une société que je suis de près .
Ses résultats semestriels 2018/2019 ont en effet été marqués par une nouvelle hausse notable du turnover, passé de 16 à 21% en rythme annuel dans un marché toujours très concurrentiel. Or, Wavestone est LA société par excellence dans laquelle on se sent bien si l’on en croit les études réalisées sur le bien-être au travail.
En fait, la grande problématique dans le secteur est bien sûr de conserver les employés, mais aussi d’en recruter. Par conséquent, augmentations de salaires et autres rémunérations élevées sont monnaie courante, ce qui tend à éroder la profitabilité. Ce phénomène a du reste sans doute déjà été intégré par les investisseurs au regard des performances boursières enregistrées sur l’année qui s’achève.
A cet égard, il y a bien sûr quelques exceptions comme Devoteam, dont l’action a gagné 17,6% depuis le 1er janvier, tandis que les titres Alten et Akka Technologies se sont adjugés respectivement 8,1 et 2,7%, mais les déceptions ont été plus nombreuses et plusieurs poids lourds de la cote en ont même été quittes pour des purges massives. C’est notamment le cas d’Econocom(-51,3% depuis le début de l’année), de Sopra Steria (-45,9%), d’Altran Technologies (-44,9%), de Neurones (-35,2%) ou encore d’Infotel (-26,2%).

Si l’exposition de Sopra Steria au marché britannique et les incertitudes liées au Brexit ont pesé sur son cours de Bourse, tout comme les interrogations sur les synergies entre Aricent et Altran ont affecté celui du spécialiste français du conseil en ingénierie, le fait est que le secteur dans son ensemble a du plomb dans l’aile. Surtout, je pense que la consolidation n’est pas pour tout de suite, sachant que les opérations entre égaux n’ont aucune chance de se réaliser au sein de ce secteur dans lequel 1+1 n’est jamais égal à 2. Et puis voir des grands groupes étrangers jeter leur dévolu sur nos champions tricolores n’est pas vraiment dans l’air du temps au vu des incertitudes économiques grandissantes dans l’Hexagone…