Après les lanceurs d’alerte au sujet des bulles boursières (Jamie Dimon, CEO de JP-Morgan, Laurence Fink, CEO de Blackrock, premier gestionnaire d’actifs au monde), voici la lanceuse de confettis !
Mario Draghi, qui s’apprêtait à s’auto-déverser un seau de pétale de roses en récompense des merveilleux effets de sa politique monétaire ultra-accommodante (ce qu’il fit en milieu de conférence), s’est vu déverser sur la tête une pluie de confettis par une activiste de 20 ans arborant un T-Shirt où était imprimé « stop à la dictature de la BCE ».
Nous frémissions d’horreur en apprenant que les confettis en question ont été découpés dans des billets de 500 € pas encore secs qui étaient destinés à payer le service sécurité de la BCE.
Comment ça, vous ne nous croyez pas ?
Parce que vous pensez peut-être que la BCE a pu se faire construire un super-totem de 1,3 Mds€ à sa gloire avec du vrai argent ?
À moins que vous ne préfériez penser que ce monstre surdimensionné – le plus grand bâtiment de Francfort et probablement de toute la rive droite du Rhin a été financé par vos impôts ?
En ce qui concerne la p’tite jeune qui vient de se faire plein d’amis sur Facebook et qui fera plusieurs millions de vues sur YouTube d’ici quelques jours, elle n’appartient manifestement pas aux 0,1% qui captent 99,9% de la manne déversée par la BCE.
Car au sein de l’élite de l’élite, qui voudrait que cesse « la dictature de la BCE » ?
Une dictature qui enrichit les plus riches (effet Cantillon), en appauvrissant à peine les plus pauvres (enfin si, un peu quand même : la classe moyenne américaine est laminée, la Grèce a été renvoyée au « temps des colonels », les Espagnols ont retrouvé leur niveau de vie de la fin de l’ère franquiste, mais avec Internet et quelques milliers de kilomètres d’autoroute en plus).
La BCE n’est d’ailleurs pas plus coupable de dictature que la Bank of Japan qui décide souverainement de la valeur de tous les actifs cotés sur son territoire, ou que la FED qui travaille quasi-exclusivement au service des primary dealers et de la cinquantaine de plus gros hedge funds pesant plus de 10 Mds$ d’encours (mais avec des leviers de 20 sur les actions à 200 sur les devises, imaginez leur puissance de feu au quotidien).
Pour en revenir à Jamie Dimon et Larry Fink, Wall Street apprécie beaucoup leur dévouement : en créant un peu d’incertitude dans un monde financier où le risque semble aboli sous toutes ses formes, les marchés pourraient douter suffisamment pour consolider à l’horizontal une fois passée la séance des 3 sorcières, demain.
Une pause qui offrira une nouvelle opportunité d’achat aux vrais cadors… ceux qui ont compris que le concept de marché efficient , c’est juste pour les idiots qui travaillent pour des entreprises qui produisent de vraies choses et les professeurs d’économie pas suffisamment brillants pour créer leur propre hedge fund et prouver la validité de leurs concepts économiques.
Alors que les sherpas de Wall Street ramènent tranquillement les indices américains au contact de leurs plus-hauts absolus (si la hausse de mercredi se duplique ce jeudi 16, ce sera chose faite), le pétrole s’est soudain enflammé au-delà des 53 $, confirmant le petit coup spéculatif à la hausse évoqué la semaine passée.
Le baril devrait venir tester rapidement la zone des 57,5/58 $ testée du 17 au 23 décembre.
Ensuite, le WTI pourrait consolider au contact de la MM100 vers 54,25$… et la figure commencera réellement à ressembler à un W haussier.
Fondamentalement, à la lumière des derniers chiffres d’activité chinois, japonais et américains, le pétrole aurait toutes les raisons de replonger un bon coup sous les 40 $ comme le prévoit Goldman Sachs.
La légère décrue de la production du shale oil sur de grands bassins géologiques comme Bakken (Dakota du Nord) ne me semble pas déterminante car de toute façon, il manque des capacités de raffinage (l’offre reste supérieure à la capacité de traitement).
Mais, à court terme, je suis à peu près certain qu’il y avait un bon coup à faire à la hausse avec la prise à contrepied d’une majorité de positions short, les dernières ayant été motivées par le ralentissement du rythme de la production industrielle en Chine et la perspective de voir l’Iran revenir progressivement sur les marchés d’ici 6 mois (à deux échéances trimestrielles d’ici, c’est à dire demain à l’échelle du cycle du pétrole).
Il y a bien l’hypothèque du Yémen avec une supposée capacité de menace des installations pétrolières saoudiennes en cas d’opération de sabotage « en représailles » menée par des commandos chiites infiltrés dans le Royaume, mais cela relève du scénario à la James Bond (il y a eu un précédent en Algérie il y a 2 ans, avec des terroristes d’Al Quaida en provenance supposée de la Lybie en décomposition).
Mais il pourrait bien se dessiner une autre raison de s’intéresser aux matières premières (et pas seulement au pétrole) : il s’agit d’actifs tangibles et 150 Mds$ de fausse monnaie (complètement virtuelle) continue de se déverser chaque mois dans le système financier.
Il y a un moment où le jeu va devenir un jeu dangereux (c’est déjà le cas, mais tant que l’orchestre joue, on danse), alors quand nous découvrons des chutes mensuelles de -30% sur l’acier en Chine, le cacao presque à son plus-bas historique (à dollar constant), cela ressemble furieusement au genre de capitulation qui caractérise une fin de cycle baissier.
Cela ne vaut pas une recommandation à « achat fort »… mais il y a certainement des coups à tenter à la hausse sur les commodities via des titres comme Arcelor-Mittal (LU0323134006), Eramet (FR000013175), Edenred (FR0010908533 EDEN)…), ne serait-ce que parce qu’il y a trop d’acteurs succombant au consensus baissier depuis 2013.