Les coups de théâtre se sont enchaînés ce vendredi 13 décembre, mais par bonheur, pas de psychopathe avec masque de hockeyeur surgissant au dernier moment pour gâcher la fête en cet avant-dernier week-end précédant la trêve des confiseurs.
C’est au contraire un « alignement » des planètes qui s’est matérialisé en amont des ultimes séances d’habillages de bilans. L’épilogue se tiendra ce vendredi, avec la fameuse et cruciale dernière séance des « 4 sorcières » de l’année 2019, qui pourrait être la meilleure jamais connue par Wall Street depuis 2016.
Elle sera d’autant plus savoureuse que le suspense a duré jusqu’au dernier moment, après une séquence « portes de saloon » dont Donald Trump a été le principal instigateur.
C’est d’ailleurs à se demander si le président américain n’avait pas choisi cette séance pour liquider successivement et avec profit, d’abord un stock de « puts » en souffrance sur le Dow Jones, ensuite un stock de « calls » sur le Nasdaq.
Il a en tout cas commencé par doucher les marchés vers 15 heures en déclarant que les rumeurs de levée des tarifs douaniers véhiculées par le Wall Street Journal la veille étaient un nouveau « fake » : « les surtaxes de 25% sont maintenues, celle prévues ce dimanche 15 pas encore levées », a lancé le locataire de la Maison-Blanche.
Du coup, les indices américains, qui étaient attendus en hausse de 0,8%, ont perdu 1% en l’espace de quelques minutes pour ouvrir en repli de -0,2%… provoquant presque un retour à l’équilibre de places européennes qui gagnaient 1,5% initialement.
Les montagnes russes
Puis, à 16 heures, nouveau coup de théâtre ! La Chine a en effet validé un accord de « phase I » après avoir entretenu l’ambiguïté durant plus de 24 heures (ni confirmation ni infirmation de l’accord revendiqué par Donald Trump). Cette annonce a eu pour conséquence de faire grimper le S&P500 de 0,5%, d’où un nouveau record absolu à 3 182 points. Idem pour le Nasdaq et le Dow Jones, qui ont culminé à respectivement 8 769 et 28 290 points.
En l’absence de détails sur le contenu de « l’accord », qui pouvait en réalité constituer une sorte de simulacre destiné à « sauver la face » pour les deux superpuissances, l’euphorie est néanmoins rapidement retombée.
Sentant qu’il fallait tout de même donner un peu plus de grain à moudre aux acheteurs, Donald Trump annonçait ensuite que la surtaxe de +15% prévue à partir du 15 décembre ne serait pas appliquée et que le taux de 15% déjà appliqué sur 120Mds$ d’importations chinoises depuis début septembre serait abaissé à 7,5%.
Le Wall Street Journal avait donc dit vrai et Donald Trump a encore cherché à nous mener en bateau. A moins qu’il n’ait parfaitement mené sa propre barque, en lien avec des opérateurs détenant le script du scénario de ses fulgurances successives.
La Bourse de Paris est ainsi repartie de l’avant durant quelques minutes, avant la publication de ventes de détail décevantes au titre du mois clos (elles avaient été publiées une heure avant l’ouverture, mais furent originellement reléguées au second plan) et qui semblent démontrer que le long week-end de Thanksgiving ne fut pas ce feu d’artifices consumériste que les ventes en ligne (avec un bond de +18%) préfiguraient.
Tout ce qui vient d’être énuméré s’est déroulé dans un laps de temps de deux heures. Peut-être avez-vous cru à lecture de ces événements que le « monde réel » avait repris les commandes, mais détrompez-vous !
Après 2 heures de récréation, le naturel ou plutôt l’artificiel a repris le dessus et Wall Street s’est vu contraint d’enfiler la camisole algorithmique, d’une amplitude d’à peine 0,05% au cours des quatre dernières heures de la séance de vendredi.
L’étrange plongeon du VIX
Cette camisole algorithmique a été imposée de façon implacable (quel autre adjectif employer ?) jusqu’aux ultimes secondes de transaction et à 22H01, un bon nombre d’opérateurs avaient quelque raison d’être bouche bée devant des scores de clôture d’une précision diabolique. Le Dow Jones et le S&P500 ont en effet clôturé en hausse symbolique de 0,01% chacun, tandis que le Nasdaq terminait la séance en progression de +0,2%. Exactement le même score qu’à 16h45, 18h45, 19h45 ou encore 21h45 (une sorte de « check point » algorithmique ?).
Mais si les fluctuations ont été assez nerveuses au cours des deux premières heures, avant que tout s’interrompt brusquement, le VIX s’est quant à lui spectaculairement détendu de -9,5% (malgré une variation millimétrique du S&P500 qui sert de sous-jacent) jusque vers 12,6 points, revenant du coup en-deçà de son niveau de vendredi dernier.
Ce plongeon incongru semble en fait constituer le pendant de la non moins étrange embardée de lundi, qui avait vu l’indicateur de volatilité passer de 12,25 à 16,05 points au cours de la même séance (soit 30% d’écart entre le plus bas et le plus haut du jour, et +17% par rapport au 6 décembre) alors que le S&P500 n’avait décalé que de -0,35% ; soit un multiple de près de 90/1 quand le ratio moyen tourne autour de 3 à 10/1…
Les marchés essayent peut-être d’entonner un chant de Noël, mais les paroles ne collent absolument pas avec la musique. Et si la mélodie du « S&P » tente de ressembler à une berceuse, les textes du VIX s’apparent plutôt, eux, à du « death metal » !
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