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Verkor, une future gigafactory française

By 28 novembre 2022One Comment

L’Union européenne a signé la fin des véhicules thermiques pour 2035. Mais entre projets avortés et menaces de faillite, les industriels du continent sont encore loin du compte dans la course à la production des batteries pour véhicules propres. C’est sans compter sur Verkor, une petite entreprise grenobloise en passe de faire sortir de terre le futur écosystème français de la batterie au lithium.

 

L’accélération de la migration de notre parc automobile vers l’énergie électrique se confirme avec les derniers chiffres trimestriels des constructeurs. Chez Stellantis, les ventes mondiales de véhicules électriques (BEVs) ont augmenté de 41% par rapport au 3e trimestre 2021, à 68 000 unités. Chez le constructeur allemand Mercedes, c’est un doublement des ventes (+115%) qui a été constaté. Tesla, qui commercialise uniquement des véhicules électriques, a connu un trimestre record, avec plus de 340 000 véhicules livrés.

Notre mobilité se décarbone toujours plus vite, et les voitures électriques pourraient dominer le marché des véhicules neufs bien avant la date butoir européenne de 2035. [Les investissements dans l’hydrogène, aussi, s’accélèrent. Cette entreprise signe de nouveaux contrats. Et… Avec une valeur à 1,30 € l’action vous pourriez bien doubler votre investissement très rapidement… Cliquez ici pour en savoir plus…]

 

Mais cette décarbonation entraîne une demande inédite en batteries à laquelle notre industrie européenne est incapable de répondre.

Historiquement, les constructeurs se sont tournés vers la Chine pour s’approvisionner. Ce choix de la facilité a causé des problèmes en cascade : souveraineté industrielle qui vole en éclat, balance commerciale mise à mal et dépendance à la logistique internationale font de l’importation de batteries une solution nécessairement temporaire pour l’industrie automobile.

Au début des années 2020, l’Europe a donc décidé de mettre les bouchées doubles pour devenir non plus un centre de consommation, mais de production (voire d’exportation) de batteries.

Les plans de gigafactories de batteries se sont multipliés, portés par l’enthousiasme du rebond post-Covid et l’argent gratuit… avant que les crises économiques et énergétiques ne s’invitent dans le paysage.

Depuis, les projets sont de plus en plus évoqués au conditionnel. Pénurie de matières premières, hausse des salaires, et explosion des prix de l’énergie ont détruit la rentabilité prévisionnelle de ces usines qui nécessitent des milliards pour voir le jour.

Au printemps de cette année, nous pouvions encore espérer que l’Europe produise, d’ici le milieu de la décennie, plus de batteries qu’elle n’en consommerait. Aujourd’hui, nous voilà revenus deux ans en arrière avec le risque bien réel que nos constructeurs automobiles manquent de batteries jusqu’en 2030.

Une Europe autonome quant à la production de batteries n’était-elle qu’un rêve ? Pas nécessairement, car la disparition des grands projets ouvre un boulevard pour les pure players les plus agiles. Parmi eux, la startup grenobloise Verkor pourrait, malgré sa jeunesse et sa petite taille, devenir le fer de lance de la production de batteries sur notre sol.

 

La souveraineté européenne en question

Les défections d’industriels se font de plus en plus nombreuses.

Elon Musk, habitué aux revirements et aux coups d’éclat, avait inquiété industriels et pouvoirs publics cet été, en laissant planer le doute quant à l’avenir de la gigafactory de Tesla près de Berlin. Des rumeurs relayées par la presse allemande, qui n’avaient pas été démenties, lui prêtaient l’intention de déplacer l’activité de production de cellules au lithium vers Austin, au Texas.

En début d’année, il était prévu que Tesla augmente rapidement la capacité maximale de son usine de Berlin. Mais ces plans ont été suspendus du fait de problèmes de qualité. Tesla, non contente de geler les investissements sur place, est même allée jusqu’à démonter des chaînes de production pour les réinstaller aux Etats-Unis. Constatant le départ des machines, les analystes ne donnaient pas cher de l’avenir de la gigafactory.

Fin octobre, nouveau coup de théâtre : malgré des cadences de production toujours en-deçà des prévisions initiales, Tesla a déposé une demande de permis de construire pour augmenter la taille du site berlinois.

Elon Musk souffle, comme il en a l’habitude, le chaud et le froid quant au sort qu’il réserve à la gigafactory allemande. Une chose est certaine : le milliardaire n’hésitera pas à limiter drastiquement l’envergure du projet, voire le supprimer, s’il peut produire ses batteries plus facilement et de manière plus rentable aux Etats-Unis.

Cette dépendance à Elon Musk est d’autant plus dangereuse que le Plan B de l’Europe a été suspendu il y a quelques semaines seulement. Fin octobre, le fabricant de batteries suédois Northvolt a mis les pieds dans le plat en annonçant officiellement, lors de la présentation de ses résultats trimestriels, la suspension de son projet de gigafactory allemande.

Entre des coûts de l’énergie qui explosent sur le Vieux continent et les subventions importantes disponibles aux Etats-Unis, l’usine qui devait être construite à Heide n’était tout simplement plus rentable face aux alternatives américaines. Selon les estimations du directeur général de Northvolt, Peter Carlsson, le coût de production final d’une batterie aux Etats-Unis pourrait être inférieur de 30 à 40% à celui d’une production européenne. Northvolt a donc pris la décision de suspendre sine die le dossier, et évalue les alternatives aux Etats-Unis en attendant une éventuelle baisse des coûts de production en Europe.

Il se murmure également que le Britannique Britishvolt, qui avait pour ambition de construire un site d’une capacité de 30 GWh/an à Blyth (Angleterre), serait pour sa part au bord de la faillite. Sur les 3,8 Mds£ nécessaires à l’aboutissement du projet, la startup ne serait parvenue à lever que 200 M£ malgré le soutien de Lotus et Aston Martin qui s’étaient engagés à ses côtés.

  

Des défections qui laissent le champ libre aux pure players

Cette débandade généralisée n’est pas uniquement porteuse de mauvaises nouvelles : elle donne aussi aux petites startups l’opportunité de faire leurs preuves.

Là où les industriels existants peuvent arbitrer entre différentes implantations géographiques ou même se recentrer sur leur cœur de métier, les pure players de la fabrication de batteries au lithium n’ont d’autre choix que celui d’avancer.

C’est ce que fait la startup Verkor, fondée il y a seulement deux ans par six personnes issues de l’industrie de l’énergie, de l’automobile et de la mobilité. Pour valoriser des technologies issues de la recherche française, elle prévoit toujours de créer sa première gigafactory en cinq ans seulement.

Pierre après pierre, Verkor fait naître en accéléré un véritable écosystème français de la batterie au lithium. Elle vient d’annoncer le contour de son futur centre d’innovation, à Grenoble. Sur ce site de 15 000 m² autrefois propriété de Siemens, se trouveront le siège social du groupe, un laboratoire destiné à élaborer et tester les matériaux utilisés pour les cellules au lithium, et une ligne de production pilote.

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L’implantation-pilote de Verkor : dernière étape avant la gigafactory. Crédit photo : Verkor

 

La ligne pilote aura, dès sa naissance, une cadence de production annuelle de 200 MWh de batteries – un chiffre qui aurait fait les gros titres de la presse économique il y a quelques années de cela. Verkor s’appuiera sur cette première ligne pour finaliser son processus de fabrication de masse avant de le déployer dans la future gigafactory de Dunkerque.

Côté financement, la jeune pousse annonce avoir déjà sécurisé 250 M€ (49 M€ de la Banque européenne d’investissement, 51 M€ de prêts bancaires, 80 M€ d’obligations convertibles et 70 M€ apportés par le GROUPE IDEC).

Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle : sur la feuille de route de l’entreprise, la gigafactory devrait débuter sa production dès 2025 avec une capacité initiale de 16 GWh/an. Par la suite, le site de Dunkerque devrait être en mesure d’accueillir des lignes supplémentaires pour une capacité totale de 50 GWh/an, soit assez pour équiper 625 000 Mercedes EQS.

Signe que les équipes croient dur comme fer à la viabilité du projet, les fondateurs et les salariés de Verkor ont participé au financement de l’entreprise à hauteur de 2,5 M€. Avec un tel engagement, tergiversations et abandon ne seront pas une option.

Et avec un besoin en financements qui se chiffrera certainement en milliards d’euros à horizon 2025, une IPO me semble tout à fait envisageable à court terme.

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